Les habitants du pays de l’Oncle Sam sont particulièrement inquiets à propos du rôle de l’intelligence artificielle dans les domaines de la politique et de la société en général, selon une nouvelle étude du Polarization Research Lab du Dartmouth College.
Des chercheurs de ce laboratoire ont ainsi évalué les attitudes partisanes de près de 3000 Américains, y compris pour déterminer s’ils jugeaient que l’IA rendrait le monde meilleur ou pire, entre autres questions.
« Les Américains sont pessimistes par rapport aux effets de l’intelligence artificielle », affirme Sean Westwood, professeur associé au Dartmouth College. « Ils s’inquiètent de la façon dont ces systèmes affecteront la politique et les enjeux de société. »
En prévision des élections prévues cet automne aux États-Unis, notamment la présidentielle, 50% des Américains interrogés ont affirmé que l’IA rendrait le processus moins civil, en raison de son utilisation dans le cadre des campagnes électorales, comparativement à 20% qui jugent plutôt que cela améliorera le processus électoral.
« Les gens craignent que l’IA ne provoque un choc dans le paysage politique », a poursuivi le Pr Westwood. « Ce qui est clair, c’est que l’IA est déjà bien présente dans le domaine électoral. »
Par exemple, mentionne-t-on dans l’étude, des partisans de Donald Trump ont partagé des images générées par l’IA de l’ex-président avec des électeurs noirs pour donner une fausse impression de ses appuis au sein de ce qui traditionnellement une base électorale pour les démocrates.
L’étude révèle également que près de 40% des Américains estiment que l’IA va nuire à la sécurité nationale, alors que 30% pensent le contraire.
Par ailleurs, les données indiquent aussi que 65% des participants à l’enquête craignent que l’IA ne nuise à la vie privée. Sans compter les 50% qui ont peur de perdre leur emploi, celui-ci ayant été remplacé par des tâches effectuées par un ordinateur.
Ce sont les républicains qui sont les plus inquiets des effets de l’IA sur la vie privée, la sécurité nationale et les élections; si les démocrates sont eux aussi nerveux à ce sujet, ils sont partagés quant à la possibilité que ces logiciels et systèmes provoquent une détérioration de la sécurité nationale, ou disent ne pas avoir d’opinion sur cette question.
Impossible de distinguer le vrai du faux
« La véritable menace, c’est que les individus ne seront pas en mesure de distinguer les vrais contenus des faux, notamment lorsqu’il s’agit de messages transmis par des élus, ou encore de faire la différence entre une vraie nouvelle et de la propagande créée par un pays étranger », a encore mentionné le Pr Westwood.
Lors de la campagne électorale de 2016, l’une des principales craintes concernait les fausses nouvelles publiées en ligne, mais il est maintenant possible de créer aisément de fausses vidéos de candidats, avec des composantes vidéo et audio impossibles à distinguer de la réalité, préviennent les chercheurs.
« L’IA se trouve à un point où le contenu peut aisément être créé et partagé par quiconque », a poursuivi M. Westwood. « Les acteurs malveillants ont déjà utilisé l’IA pour imiter des célébrités et des politiciens. La société civile et les lois sont présentement largement en retard sur ce phénomène. »
« Il est urgent de faire la différence entre la liberté d’expression et les contenus qui peuvent avoir un véritable impact délétère sur la sécurité des gens ou leur intégrité personnelle », a ajouté le chercheur.