Le deuxième cas de grippe aviaire détecté chez un humain aux États-Unis — et le premier cette année — a provoqué cette semaine des réactions mitigées: ceux pour qui une transmission entre humains n’est pas inquiétante, et ceux pour qui il faut renforcer la surveillance, mais d’abord et avant tout chez les vaches.
C’est le ministère de la Santé du Texas qui a fait l’annonce du nouveau cas, le 1er avril (le précédent remontait à 2022). Il s’agit d’un travailleur agricole, et cette détection suit une éclosion de grippe aviaire parmi les vaches au Texas.
Il ne semble donc plus faire de doute que le virus H5N1, ou grippe aviaire, peut se répandre parmi les bovins (bien qu’on s’interroge encore sur le mécanisme de transmission). Ce qui n’est plus une surprise, considérant que, ces deux dernières années, ce virus associé aux oiseaux a démontré sa capacité à infecter plusieurs espèces de mammifères. Au début, il n’était pas clair s’il s’agissait uniquement d’infections directes d’un oiseau à un mammifère —et cette incertitude survenait dans le contexte d’une phase virulente de cette grippe aviaire: à l’échelle mondiale, le virus semble suivre depuis 2021 les routes migratoires des oiseaux sauvages et après sa première détection chez des oiseaux d’élevage au Canada en décembre 2021, on a recensé 2 millions d’oiseaux infectés en seulement six mois.
Mais depuis, on a passé l’étape d’une « simple » transmission d’un oiseau malade à un mammifère. Cette année, la géographie des vaches infectées — Texas, Idaho, Michigan, Ohio et Nouveau-Mexique— tend à confirmer, soulignait le 25 mars le ministère américain de l’Agriculture, que le virus peut bel et bien se transmettre d’une vache à l’autre. C’est la raison pour laquelle plusieurs experts en ont appelé cette semaine à une surveillance accrue dans les élevages bovins.
Mais qu’en est-il des humains ? Même s’il s’agit d’un nouveau variant du H5N1 qui aurait acquis la capacité à se transmettre plus facilement entre vaches, cela ne veut pas dire qu’il soit dangereux pour les humains. Le problème vient plutôt du fait que plus il se répand parmi les vaches, plus il est souvent en contact avec des travailleurs agricoles et plus le risque augmente donc qu’un nouveau variant émerge, capable, lui, de se transmettre entre humains.
C’est depuis 1997 qu’on surveille de près cette grippe H5N1. À travers ses différentes éclosions, les cas chez des humains ont été très rares: moins de 900 entre 2003 et 2023. Mais le taux de mortalité a été chaque fois très élevé.
La vigilance accrue chez les bovins des États-Unis permettrait donc, en théorie, de détecter un tel variant avant qu’il n’ait eu la « chance » de s’établir dans notre espèce.
Au Texas, le travailleur a été rapidement isolé et aucun autre cas n’a été rapporté dans son entourage. Le ministère local de la Santé rapporte comme unique symptôme une inflammation de l’oeil.