Pour certains, la pandémie, surtout ses débuts, fut une occasion anxieuse (et l’euphémisme est majeur, ici) dans le cadre de laquelle la libido a pris un pas de recul, si elle n’a pas carrément disparu. Pour d’autres, comme Francis Juteau et Alice Lacroix, ce fut une époque d’érotisme et de sexualité transformatrice.
Après On couche ensemble, lancé en 2021, voilà donc On couche encore ensemble, un regard différent sur l’intimité d’un couple forcé, par la force des choses, à vivre entre quatre murs. Bien souvent en mou, sans doute, et probablement avec une petite odeur d’alcool utilisé dans les gels antiseptiques. On ignore cependant si ce couple a été forcé d’endurer les effluves de la variété aux agrumes…
Bref, voilà nos deux tourtereaux qui, entre deux conférences de presse du premier ministres et deux annonces de réouverture avortée, apprennent à exprimer leur sexualité différemment. Toujours avec une certaine urgence, oui, et parfois même une urgence certaine, mais aussi avec délicatesse, avec douceur.
Nous ne sommes pas, ici, dans le sexe pour le sexe. Oui, certains moments sont crus; oui, on a parfois droit à de la sexualité un peu sur le coin d’une table. Mais c’est aussi cela, la vie de couple, la sexualité avec une personne dont on partage la vie souvent depuis plusieurs années.
Malgré tout, malgré cette beauté quotidienne, cet érotisme ordinaire – dans le bon sens du terme –, cette sexualité vivante et vibrante, on a un peu l’impression que M. Juteau et Mme Lacroix ont d’abord écrit ce livre pour eux deux.
Il n’y a certainement rien de mal à ça, mais le lecteur aura surtout l’impression d’être un spectateur, sans doute avec un petit côté voyeur, plutôt que d’être intégré à cette relation, dont une partie du sens, de l’intimité, finira par lui échapper.
On couche encore ensemble est un bel exemple de prose à deux mains, un aperçu criant de vérité du quotidien intime d’un couple au temps de la peste, même si cet aperçu peut parfois sembler réservé aux deux principaux intéressés.
On couche encore ensemble, de Francis Juteau et Alice Lacroix, publié aux éditions du Hamac, 140 pages