Se marier? Faire des enfants? Acheter une maison? Ces différents aspects de la vie d’adulte, longtemps considérés comme étant des « étapes nécessaires », sont maintenant perçus différemment, une nouvelle étude révélant que les 18 à 30 ans ont de plus en plus une vision négative de l’âge adulte, en raison des difficultés rencontrées et des obstacles à surmonter.
L’étude en question, réalisée par des chercheurs de l’Université York auprès de plus de 700 adultes britanniques âgés de 18 à 77 ans, avance l’idée que cette perception s’est détériorée à la suite des problèmes liés à la pandémie et à la hausse du coût de la vie.
Les conclusions, publiées dans Journal of Adult Development, laissent entendre que la vie adulte demeure perçue de façon majoritairement positive, mais que la tranche des 18 à 30 ans est la moins enthousiaste en ce sens.
Au dire des auteurs de l’étude, le fait de traverser la pandémie, doublé d’une crise du coût de la vie, pourrait avoir affecté la capacité des plus jeunes adultes d’atteindre les « étapes » traditionnelles, comme le mariage, le fait de faire des enfants, ou encore progresser dans une carrière.
Dans le cadre des travaux, les chercheurs ont posé une série de questions aux participants, comme « devenons-nous adultes lorsque nous atteignons un certain âge, comme 18 ou 21 ans?. Ou atteignons-nous l’âge adulte lorsque nous franchissons une étape, comme le fait d’occuper un emploi à temps plein, être capable de payer ses propres dépenses, ou se marier et avoir des enfants? ».
Traditionnellement, en effet, l’âge adulte a été défini comme le fait d’atteindre l’âge de la majorité, et le franchissement d’étapes sociodémographiques.
Cependant, ces étapes sont de plus en plus repoussées aux calendes grecques, voire laissées complètement de côté pour plusieurs jeunes adultes, de nos jours. Par exemple, écrivent les scientifiques, l’âge du premier mariage, pour les femmes britanniques, est passé de 25 à 35 ans, entre 1970 et 2019.
L’étude a démontré que les adultes définissent leur époque de la vie en utilisant des caractéristiques psychologiques, comme le fait « d’accepter la responsabilité des conséquences de mes actions », une réponse qui obtient l’appui de 80% des répondants, plutôt qu’en fonction d’étapes sociodémographiques, un choix qui recueille l’aval de seulement 22 à 40% des personnes interrogées.
Cela étant dit, les auteurs de l’étude précisent que le statut subjectif d’adulte, soit l’ampleur du sentiment d’appartenance à ce groupe, était aussi prédit par le mariage et la parentalité, même lorsque ces caractéristiques n’étaient pas mises de l’avant comme des piliers de la vie adulte.
Une vision « subjective »
De l’avis de la principale responsable des travaux, la Dre Megan Wright, « cette étude démontre que l’âge adulte est subjectif, le fait de se sentir comme un adulte va au-delà du simple fait d’avoir un âge spécifique et d’avoir franchi diverses étapes, et qu’il y a plus qu’une façon de grandir et de vieillir ».
« Il existe un fossé entre ce que les gens comprennent explicitement à propos de l’âge adulte, et leur expérience subjective de cette époque de la vie: les facteurs qui influencent le statut subjectif de la vie adulte ne sont pas nécessairement ceux considérés comme venant définir cette étape de la vie. »