De notre lointain Québec, on sait peu de choses sur Singapour, cette ancienne colonie britannique devenue petit pays aux allures de cité-État. Fort heureusement, la récente parution d’un essai sur le sujet, par le journaliste Alexis Riopel et le photographe Valérian Mazataud, aux éditions Somme toute – Le Devoir, permet d’y voir plus clair.
L’essai en question rassemble en fait, en grande partie, une série d’articles déjà publiés dans le quotidien montréalais. On y a apprend toutes sortes de choses sur l’histoire, la structure de gouvernance, la vie politique… sans oublier la vie économique de ce très petit pays devenu plaque tournante du commerce maritime en Asie du Sud-Est.
Ce que l’on découvre aussi, c’est cette course en apparence sans fin pour maximiser l’efficacité de tout; qu’il s’agisse de l’agriculture, de la gestion des eaux potables, du transport, de la puissance économique, de la construction de logements, les autorités singapouriennes refusent de ralentir leur marche vers le « progrès »… quitte à faire disparaître une bonne partie de l’histoire de cette région. Quitte, aussi, à imposer un régime qui est à la fois autoritaire, avec sa quasi absence d’espace offert à la dissension politique, et à la fois presque « socialiste », avec son parc locatif quasiment entièrement détenu par l’État, entre autres exemples.
Devant cette terre de contrastes, le lecteur québécois aura tout à fait l’occasion de se demander si des facettes de la société singapourienne pourraient se transposer ici. L’essai ne se veut certainement pas un résumé de l’ensemble des discussions sur le fonctionnement de ce pays, ni un survol complet de ses avantages et inconvénients, mais représente une porte d’entrée franchement intéressante vers ce monde à la fois si différent du nôtre, avec sa vision toute asiatique du monde, et si similaire, avec ses questions d’adaptation climatique, la crise du logement, les besoins en matière de transport collectif, etc.
Bien entendu, les lecteurs réguliers du Devoir auront déjà pu parcourir les divers articles de MM. Riopel et Mazataud. Cela étant dit, non seulement l’ouvrage est-il bonifié par une entrevue supplémentaire avec un chercheur de l’endroit, le simple fait de réunir ces textes en un seul endroit, plutôt que d’avoir eu à conserver ses copies papier du journal, par exemple, ou d’aller fouiller dans les archives numériques, permet de tenir entre ses mains un ouvrage tout à fait intéressant et pertinent sur ce pays aussi important que méconnu ici.