Mais qu’allions-nous faire dans cette galère? Si le dramaturge Larry Tremblay a déjà habitué les spectateurs québécois à des textes déjantés, Coup de vieux, présenté au Centre du Théâtre d’Aujourd’hui, tombe plutôt dans le franchement absurde, que quelques bonnes idées ne parviennent pas à sauver du naufrage.
Dans ce que l’on imagine être une résidence pour personnes âgées, Lucie, William, Pierre, Adèle et Géraldine regardent le temps qui passe, en allant presque jusqu’à attendre la mort. Mal en point, fatigués, parfois même habités par des pensées noires, quelques fois affectés par le deuil d’êtres chers, nos personnages semblent répéter les mêmes discours jour après jour. En attendant la fin, sans doute.
Dans ce qui a parfois des airs de théâtre absurde, presque du Ionesco, voilà que l’on alterne entre des répliques excessivement banales et, soudainement, des discussions profondes sur le sens de la vie, sur le manque de sens de l’existence, ou sur les traumatismes subis durant l’enfance.
Et à chaque personnage qui s’ajoute, on accumule les couches de remontrances envers la société, la chape de plomb de l’existence pèse toujours plus lourd sur les épaules…
Sauf que, eh bien, si Larry Tremblay souhaitait explorer les thèmes de la vieillesse, de la perte de mémoire, de l’approche de la mort ou toute autre question qu’il est normal de se poser au crépuscule de sa vie, la tentative est ratée.
Dans la salle, un public majoritairement grisonnant semblait s’amuser follement du cabotinage des comédiens, des imbroglios provoqués par des pertes de mémoire, des dialogues croisés qui ajoutent à la confusion, ou de l’ajout franchement psychédélique d’un clown muet à la distribution. Sans penser, peut-être, qu’il y a probablement un deuxième degré à tout cela. La preuve en est à ces longs échanges soudainement très sérieux qui ouvrent une porte vers quelque chose…
Mais vers quoi, au fait? Le rythme et le ton partent dans tous les sens; on s’engage, ici et là, dans des embranchements scénaristiques qui sont promptement oubliés quelques instants plus tard, et si les personnages âgés sont parfois confrontés à leurs convictions d’une autre époque, certains déversements de fiel, comme sur les journalistes et les jeunes, ne semblent servir qu’à combler un vide.
Pire encore, après avoir enduré ce méli-mélo théâtral, la fin sort de nulle part et jette un pavé dans la mare. Dans un autre contexte, on aurait pu sortir de la salle en étant agréablement surpris, l’esprit rempli de questions, mais dans ce cas-ci, après près de 90 minutes, la seule interrogation est plutôt la suivante: pourquoi?
Coup de vieux, de Larry Tremblay, avec une mise en scène de Claude Poissant
Avec Thomas Boudreault-Côté, Marie Gignac, Jacques Leblanc, Linda Sorgini, Jacques Girard et Sylvie Drapeau
Au Centre du Théâtre d’Aujourd’hui, jusqu’au 13 avril 2024.