Même si le nom du groupe le rattache plutôt à la mythologie grecque, cette délicieuse formation musicale composée de six jeunes artistes s’attache à vivifier la musique juive traditionnelle d’Europe centrale en interprétant quelques morceaux connus ,mais surtout en en composant de nouveaux. Jossee MacInnis, à l’origine de la formation avec Jean-François McDonnel et Hugh Lapham, est à la fois clarinettiste, chanteuse et compositrice de la plupart des mélodies et des chansons Klezmer que Kallisto interprète.
Quand je suis arrivée au Quai des Brumes à Montréal – avec presque une heure de retard – Jossée Mancini alternait entre chant et clarinette, accompagnée de l’artiste invité Vytautas Bucionis au piano.
Alors que les personnes présentes se balançaient sur leurs chaises ou dansaient à son rythme, Tumbalalaika la chanson classique Klezmer très bien interprétée en yiddish par la jeune chanteuse, m’a fait supposer que j’allais entendre la reprise d’un répertoire traditionnel.
Mais ce n’est pas tout à fait exact. Car l’essentiel des musiques et des chants interprétés lors de cette soirée, bien qu’inspirés par des rythmes d’Europe centrale, de Grèce, du Moyen-Orient ou d’ailleurs, sont de pures compositions de Jossee MacInnis, toutes rattachées à la forme musicale instrumentale des Juifs ashkénazes.
Et comme toujours, le Klezmer supporte très bien la fusion avec le classique ou le jazz, entre autres choses. Un violoncelle, une guitare classique et une autre manouche, une contrebasse et des percussions, auxquels on ajoute la clarinette petite ou grande, le chant et le piano, et voilà l’ensemble Kallisto constitué.
Très rythmées, entrainantes et joyeuses, les mélodies sont en même temps mélancoliques et marquées par une grande tristesse.
Comme dans le jazz traditionnel, les instruments semblent entrer en conversation plus ou moins animée. Un des instruments prend la parole pendant que les autres, toujours présents, mais un peu en sourdine, l’écoutent attentivement et qu’un autre instrument lui prenne la vedette et s’exprime à son tour, et avant que tous les instruments jouent en chœur à nouveau.
Les mélodies parfois répétitives, animées d’abord, ralentissent jusqu’à s’éteindre. On croit que le morceau est en train de se terminer, mais ça n’est pas le cas. Le groupe accélère, reprend le morceau comme un refrain et le joue de plus belle. Ainsi, cette musique est empreinte d’humour et de surprise, de fausses pistes et de retour.
On peut en faire mille interprétations en l’écoutant. Et je dois dire que la plupart des spectateurs de la salle préféraient se lever et danser sur ses rythmes entrainants. La soirée s’est terminée fort tard. J’imagine que pour moi comme pour les autres spectateurs, le concert généreux et très bien interprété était propre à les rendre émus et de bonne humeur.
Prochain concert le 1er juin 2024 : Les soirées Lanterne de La Cenne, à Montréal.
Un commentaire
C’est suite à la lecture de votre article que j’ai appris l’existence de l’ensemble Kallisto et de son spectacle du 1er juin. J’ignorais aussi l’existence de ce loft (La Cenne) situé en face du parc Jarry à Montréal.
Je m’y suis rendu sans arriver en retard, car l’heure du début de ce spectacle me semblait confuse : 19 h 30 ou 20 h? Le spectacle a débuté à 19 h 45 et s’est terminé 90 minutes plus tard en incluant un entracte d’environ 30 minutes : c’est une durée raisonnable pour ce genre de spectacle.
Vous mentionnez avec raison la longue tradition de la musique klezmer. J’ai assisté à mon 1er spectacle de musique klezmer offert par le groupe Raoul en 1996. Les décennies ont passé depuis cette époque me donnant l’occasion de voir d’autres groupes se spécialisant dans cette sonorité.
Il faudra qu’on m’explique l’engouement de tous ces groupes qui sont toujours formés par de jeunes musiciens pour ce genre musical assez niché. Le spectacle s’est bien déroulé en incluant aussi le pianiste.
Un détail m’a agacé cependant : l’absence de bilinguisme. La clarinettiste Jossée MacInnis s’adressait à son public uniquement en anglais tout au long de cette soirée. Il y avait pourtant des francophones dans ce public ainsi que dans son orchestre. J’ai appris aussi qu’elle enseigne à l’Université de Montréal.