La blonde actrice belgo-française Virginie Efira arbore dans Rien à perdre, tout premier film signé Delphine Deloget, le visage maternel de celles qui luttent désespérément pour la garde de leur enfant. Un enjeu sociojuridique encore tabou en Europe comme ailleurs, dépeint dans ce scénario des plus réalistes où la simplicité de l’histoire n’a rien de superficiel.
On y assiste ainsi à la descente morale et psychologique d’une jeune femme monoparentale, Sylvie, qui trime dur pour assurer à ses garçons Sofiane et Jean-Jacques une vie à l’équilibre certes précaire où l’amour agit en balancier.
Avec son travail de nuit dans un bar de Brest, Sylvie compte sur son fils aîné pour veiller sur le plus jeune, Sofiane. Un soir, tout bascule : Sofiane a faim, et se blesse gravement en voulant cuisiner des frites. Manque de bol, la cuisinière est défectueuse et il se brûle, recevant des soins cliniques. Respectant la procédure, l’établissement doit faire un rapport, car l’enfant est mineur.
Peu de temps après, les services de protection de l’enfance débarquent au domicile du petit et le sortent de son milieu familial. Brutalement, froidement, sous l’unique motif de la loi et de l’administration. Un épisode qui entraînera une descente aux enfers de la mère qui, malgré sa bonne volonté, l’appui de ses proches et d’un cercle d’écoute, sombrera jusqu’à vivre l’internement.
Rarement Virginie Efira a touché à un tel stade de résilience par un personnage mu par l’intensité de vivre et celle d’aimer. Aimer le cœur à vif de son fils jusqu’à en devenir dingue.
Film hautement revendicatif, bousculant l’âme comme une gifle sur les dérives de l’ordre supposément protecteur qui saccage l’enfant interprété magistralement par Alexis Tonetti âgé de 12 ans, Rien à perdre agit comme un coup de poing envers les institutions et réveille une foi en l’esquive humaine à leur échapper. Un format presque documentaire qui rend hommage à la mère, tendresse infinie.