Un corps qui apparaît au même endroit, mais à quatre moments différents. Quatre périodes temporelles différentes, où cette découverte macabre déclenchera autant d’enquêtes policières qui prendront toutes une tournure particulièrement inattendue… mais est-ce vraiment le cas? Bienvenue dans Bodies.
Adaptée du roman graphique du même nom, cette minisérie, diffusée depuis la mi-octobre sur Netflix, nous propose un étrange mélange de thriller policier, de voyage temporel et de théories de la conspiration. Après tout, il n’est certainement pas normal que le même cadavre se retrouve dans la même ruelle de Londres, à quatre époques différentes. Ni que les recherches des différents policiers assignés aux divers dossiers verront leurs efforts être torpillés, à chaque occasion, par de mystérieux personnages qui semblent avoir accès à des ressources infinies.
L’attrait de Bodies est presque immédiat: on saute régulièrement d’une époque à l’autre, chacune avec ses changements en matière de techniques policières, mais aussi de contexte sociohistorique. De la fin du 19e siècle, on vogue ainsi, à travers les flots du temps, jusqu’en 2053. Et pourquoi 2053, au fait? Eh bien, cela nous sera dévoilé en temps et lieu…
D’épisode en épisode, on nous saupoudre des informations, une révélation ici et là, mais aussi de nouveaux mystères… Qui sont ces manipulateurs de l’ombre qui semblent avoir tous les pouvoirs? Qu’est-ce qui explique le secret de ce corps qui s’est retrouvé à quatre moments, mais aussi au même endroit? Nos héros réussiront-ils à stopper cette sinistre machination qui semble impossible à arrêter?
Si la structure de la minisérie est effectivement tout à fait solide, on abuse peut-être un peu de cette capacité de placer les téléspectateurs tout juste sur le bord d’une révélation, d’une réponse attendue depuis belle lurette, pour plutôt nous couper l’herbe sous le pied, télévisuellement parlant, en nous laissant sur notre faim. Cela fonctionne pendant la première partie, pendant les premiers épisodes, mais vers la fin, on commence à avoir hâte que l’émission nous fournisse un peu de nourriture intellectuelle suffisamment substantielle.
On regrettera aussi, après certains épisodes, le fait que la gigantesque conspiration, qui s’étend sur environ 150 ans, dépende parfois de gestes complètement inattendus ou spontanés que personne n’aurait pu prévoir. Des gestes, d’ailleurs, qui sont généralement d’une absurdité complète, comme cette policière qui, non contente d’emmener un suspect probablement extrêmement dangereux voir sa mère adoptive, plutôt que de le transporter directement en prison, ne lui passe pas non plus les menottes, ce qui donne au type en question la possibilité de faire avancer le scénario.
Bien entendu, on pourrait évoquer « l’univers » et la « destinée » pour justifier ces agissements, mais l’idée tient surtout de la paresse intellectuelle de la part des scénaristes, plutôt que de la structure narrative originale et audacieuse.
Quoi qu’il en soit, Bodies est une série certainement divertissante qui permettra de s’octroyer une petite dose d’adrénaline, assis seul ou à plusieurs devant le téléviseur. Une façon tout à fait agréable de se divertir, sans que l’on ait besoin de quelque chose de plus profond.