En terme de participants, la COP28 ne passera pas seulement à l’histoire pour son nombre record d’inscrits (au moins 97 000), mais aussi pour son nombre record de… lobbyistes des carburants fossiles.
Selon une analyse des listes publiques d’inscrits publiée le 5 décembre par un groupe militant (Kick Big Polluters Out), ils sont 2456, soit quatre fois plus que le précédent record. Ils étaient 636 à la COP de l’an dernier à Charm el-Cheikh, en Égypte, et 503 l’année d’avant à Glasgow, en Écosse. Toutefois, il y a un progrès, notent les auteurs de l’analyse: c’est la première année que la COP exige des inscrits qu’ils indiquent leur employeur, alors que les années précédentes, un nombre indéterminé était simplement inscrit parmi les délégués de leurs pays respectifs.
L’analyse a défini comme « lobbyiste des carburants fossiles » une personne associée à une compagnie ou une fondation du secteur, ou à une association représentant les intérêts du pétrole, du gaz ou du charbon.
La nouvelle a provoqué des réactions négatives, et pas seulement dans les cercles environnementaux. L’an dernier, une coalition de 126 organisations de la société civile avait signé une déclaration commune, en prévision de la COP27, en appelant à ce que l’organisme des Nations unies qui chapeaute les COP (la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques) « se protège contre l’influence indue des intérêts des pollueurs ».
À titre de comparaison, bien que le nombre total d’inscrits à la COP28 cette année soit anormalement élevé, ces 2456 lobbyistes représentent malgré cela plus de personnes que les plus grosses délégations nationales, à l’exception de celles des Émirats arabes unis (4409) et du Brésil (3081). Tous ces chiffres sont provisoires: ils représentent tous les gens qui ont obtenu une accréditation pour la COP28, mais il est possible qu’un certain nombre d’entre eux ne viennent pas.
L’influence directe qu’ont ces lobbyistes est presque impossible à mesurer, notent les observateurs. Certes, ils ne participent pas aux différentes négociations en cours (celle sur le texte final, sur le nouveau fonds sur les pertes et dommages, sur les réductions des émissions de méthane, etc.). Mais plusieurs ont certainement l’oreille de leurs délégués nationaux. Chose certaine, 28 de ces représentants de l’industrie font partie de la délégation canadienne et 26 de la délégation française, dont le PDG de TotalEnergies.