Quel beau film élevé par de puissantes performances que ce Our Son,qui utilise un sujet connu et familier pour l’étendre à des communautés qui n’ont certainement pas toujours le même avantage de représentation habituellement.
On se demandera ce que cette proposition a de nouveau à ajouter sous les cieux ennuagés des films de divorce, avec un enfant en plein centre. On s’est tout de même demandé la même chose à la sortie de l’acclamé Marriage Story, qui jouait dans les plates-bandes de Kramer vs. Kramer. Ici, en donnant un peu plus de poids à l’enfant, on évoque également le tendre What Maisie Knew, parmi tant d’autres.
Au fond, c’est peut-être ce pari risqué de ne pas avoir cherché à faire de ce film quelque chose de nécessairement transcendant qui le rend aussi réussi et qui lui permet, justement, de s’élever. En se basant sur le moule habituel des films du genre pour les couples hétérosexuels, on arrive avec brio à illustrer que peu importe qui nous sommes, les histoires se suivent et se ressemblent.
Cela s’avère être une nécessité en ces temps troubles, alors que ces droits qu’on croyait acquis et pourtant tout récents pour les personnes de même sexe (mariage, parentalité, etc.), sont plus que jamais en péril.
Mieux encore, le film a la sensibilité nécessaire pour dépeindre les communautés qui l’intéressent avec réalisme et doigté. L’oeuvre ne tombe ainsi jamais dans la caricature ni dans l’exagération, en plus de faire appel à des représentants notables de la communauté. Il s’agit en effet du premier rôle ouvertement homosexuel pour l’acteur Luke Evans qui n’a jamais caché son orientation sexuelle, si on oublie toutes les petites ironies derrière son Gaston de Beauty and the Beast évidemment.
Cette proximité face au personnage lui permet d’ailleurs d’offrir l’une de ses meilleures performances en carrière, arrivant à donner la réplique à une panoplie d’acteurs qui savent lui donner également en retour tout le meilleur d’eux-mêmes. Le toujours remarqué Billy Porter a ainsi droit à ses propres moments de grâce et tous deux ont la chimie nécessaire avec le jeune Christopher Woodley, envahi du même vent de justesse que les autres.
Et dans des rôles plus secondaires, on savoure la présence des toujours irrésistibles Andrew Rannells, Robin Weigert – magnifique et réconfortante dans ce rôle d’avocate – et des Kate Burton, Michael Countryman et Phylicia Rashad, brillants de leur côté dans les rôles des parents.
Il est bien évidemment impossible d’être complètement impartial dans ce genre de production, et pourtant le long-métrage arrive à illustrer assez justement les nombreux côtés de la médaille sans entièrement montrer un avantage d’un côté ou de l’autre. Tous a ses torts, tous a ses forces, tous a ses propres succès et ses propres raisons de culpabiliser. Les nombreux moments de lucidité que vivent plusieurs des personnages, si l’on oublie quelques répliques parfois un peu appuyées, valent certainement le détour.
Pour son deuxième long-métrage, le cinéaste Bill Olivier élève considérablement son scénario écrit tout en finesse en collaboration avec Peter Nickowitz auprès d’une délicate et compétente réalisation tout en retenue. Il faut mentionner aussi que les mélodies de Ola Fløttum, collaborateur habituel de Joachim Trier, aident aussi beaucoup.
Sur papier, Our Son a donc tout de la production prestigieuse. Dans les faits, puisqu’il se retrouve dans le créneau des films gays, ce qui est un peu absurde, on ne lui a certainement pas offert de traitement royal. Il n’en demeure pas moins que cet excellent film au classicisme justifiable mérite l’attention nécessaire. Que ce soit pour son sujet, pour ses performances ou le lot par moment intense d’émotions qu’il nous fait vivre, surtout considérant qu’il n’oublie jamais la lumière qui se cache dans la douleur.
7/10
Our Son n’a pas présentement de distributeur au Québec, mais comme Vertical Entertainment détient les droits au Canada, il est possible que face au fort potentiel commercial de l’œuvre, une sortie soit envisagée dans le futur.