Premier long-métrage de Léa Domenach, réalisatrice et autrice française, Bernadette, probablement à l’instar de la véritable épouse de l’ex-président Jacques Chirac, est auréolé de mystère. Qui sait ce qui s’est vraiment dit, entre l’ancien homme d’État et celle qui fut non seulement sa compagne, mais aussi elle-même une élue, en plus d’être une sorte d’éminence grise? Avec une bonne dose d’humour, mais aussi parfois avec un certains cynisme, voire un cynisme certain, le long-métrage alimente le flou.
De la première victoire de son époux jusqu’à sa sortie de piste, lors de l’élection de Nicolas Sarkozy, le film suit donc la première dame française dans ses tribulations politiques, sociales et matrimoniales. Avec un côté « vieille France » particulièrement développé, issue d’une famille catholique bien comme il faut, voilà que Bernadette Chirac, déjà rompue aux affres de la politique, devra toujours plus s’astreindre à la rectitude politique. Il ne faudrait pas embarrasser le président, après tout!
Mais pour une femme habituée à dire tout haut ce qu’elle pense, pas question de se laisser marcher sur les pieds. Il n’y aura pas de grands déchirements, mais une série de petites batailles dans une France qui se transforme peu à peu. Le tout culminant, bien entendu, avec cette trahison, en quelque sorte, sous la forme d’un appui direct à Nicolas Sarkozy, qui sera élu président en 2007.
De l’autre côté de l’Atlantique, force est d’admettre que les détails de la vie privée, voire même publique, d’un couple politique dont l’heure de gloire remonte à au moins une vingtaine d’années suscitent peut-être moins l’intérêt de la population qu’au sein de l’Hexagone.
Fort heureusement, Mme Domenach n’a choisi nulle autre que la flamboyante et indétrônable Catherine Deneuve pour interpréter le rôle-titre. Majestueuse, l’actrice éclipse tous les autres personnages du film, y compris Michel Vuillermoz, pourtant tout à fait compétent en un Chirac souvent grognon, entêté, mais qui se révèle aussi être d’une platitude avec son épouse, voire d’un machisme assumé.
Vieille France un jour, vieille France toujours, semble-t-il…
Franchement sympathique, voire carrément drôle par moments, Bernadette est un hommage en demi-ton, un documentaire mâtinée de fiction. Si l’on ne donne pas dans le biopic dramatique, Catherine Deneuve mène ce Bernadette d’une main de maître, et justifie à elle seule le visionnement de ce film.