La version 2023-2024 d’El Niño commence à se manifester et pourrait sous peu entraîner canicules et sécheresses en Australie et en Asie du Sud-Est, de même que des inondations en Afrique de l’Est.
Rappelons que c’est en mai dernier que l’évolution des températures saisonnières de l’océan Pacifique a présenté « l’empreinte » d’un phénomène El Niño en émergence: c’est-à-dire ce phénomène météorologique qui, à intervalles irréguliers (variant entre deux et sept ans), se manifeste par des eaux plus chaudes dans le Pacifique, entraînant par effet domino toute une série de perturbations, de l’Asie jusqu’aux Amériques.
Déjà, la simple « émergence » du phénomène a contribué à certains des records de température observés cet été et cet automne. El Niño devrait normalement atteindre son sommet pendant les premières semaines de 2024. Toutefois, dans un avis publié le 9 novembre, le Service météorologique américain et l’agence des océans et de l’atmosphère (NOAA) estimaient qu’il y avait une chance sur deux (55 %) que l’on côtoie un El Niño « fort » se prolongeant de janvier à mars, et deux chances sur trois pour que le phénomène, dans sa version « modérée », se poursuive d’avril à juin. Un El Niño « fort » se traduit par davantage d’événements météorologiques extrêmes.
Il se pourrait même qu’El Niño évolue cette année en combinaison avec un autre phénomène météorologique irrégulier, appelé le dipôle de l’océan Indien (DOI). Parfois surnommé le « petit El Niño », il se caractérise par des eaux tantôt plus froides et tantôt plus chaudes, dans l’une ou l’autre des moitiés de l’océan Indien. La saison des pluies en Inde en est traditionnellement affectée. Le 19 septembre, le Bureau météorologique australien confirmait qu’un DOI était en cours, et qu’il était lui aussi « fort ». Les très fortes précipitations qui, depuis la fin-octobre, ont déplacé des centaines de milliers de personnes en Somalie et au Kenya, pourraient en être pour l’instant l’impact le plus visible.
Il n’est pas inhabituel qu’un El Niño et un DOI se produisent la même année. Des chercheurs débattent même depuis longtemps de la possibilité que les cycles des deux phénomènes soient liés, rappelle le New Scientist. Mais il est plus rare que les versions « fortes » des deux coïncident (la dernière occurrence remonte à 1997-98, année du plus « puissant » El Niño à avoir été observé jusqu’ici). Un tel scénario, signalaient les météorologues australiens en octobre, impliquerait des sécheresses « plus fortes et plus répandues » à travers l’Australie. Avec un risque de feux de brousse dévastateurs comme ceux de janvier 2020 et de feux de forêt en Indonésie.
Le réchauffement climatique survenu depuis 1997-98 rend toutefois plus difficiles les prédictions, ajoutait le New Scientist au début de novembre. Tous les impacts observés il y a 26 ans « se produisent maintenant dans une planète plus chaude », ce qui signifie que les précipitations, tout comme les sécheresses, « ont le potentiel de devenir plus extrêmes ».