David Fincher n’avait rien tourné depuis Mank, en 2020… En fait, pour rester dans le même genre, il faudrait dire que David Fincher n’avait rien tourné depuis Gone Girl, au moins, en 2014. Ou même Zodiac, en 2007. Mais voilà que débarque The Killer, un film de tueur à gages aussi viscéral que réaliste, en un sens.
Lancé sur Netflix, le long-métrage mettant en vedette Michael Fassbender pourrait ressembler à des dizaines d’autres films du genre: un tueur à gages se retrouve dans une situation où, après avoir raté sa cible, il doit défendre chèrement sa peau. S’ensuit des courses poursuites, des fusillades endiablées, des séquences de combat sanglantes… Face à cette enfilade de clichés, le scénariste Andrew Kevin Walker a choisi de s’éloigner des sentiers battus. Avec, à la clé, un film de tueur à gages, oui, mais un film réaliste.
Qu’on se le dise: David Fincher fait rarement les choses comme les autres, et The Killer s’ajoute à la longue liste de ses projets surprenants et qui réussissent à décontenancer les cinéphiles. Point d’orgie de violence à la John Wick, ici, avec ses vestons pare-balles. Dans son rôle du tueur, Michael Fassbender est minutieux, certes, parfois jusqu’à l’excès, avec un monologue intérieur qui ne dérangerait pas trop Patrick Bateman et sa routine matinale dans American Psycho, mais il n’est pas non plus maniaque… Il est simplement efficace.
Enfin, c’est ce que ce personnage sans nom dirait sans doute. Sans nom, oui, car Fassbender est un fantôme, capable de se fondre aisément dans la foule, ou encore de s’infiltrer un peu partout sans trop de problèmes. Comme le démontre Fincher, toutefois, ce talent ne tient pas du superpouvoir. Notre tueur a besoin d’informations? Il menace sa source d’une arme pour lui soutirer les renseignements nécessaires. Il a besoin d’entrer quelque part? Il attend que la porte du garage de l’immeuble visé s’ouvre pour s’y engouffrer. Rien de plus, rien de moins.
Peut-être qu’en adoptant cette perspective particulièrement terre à terre, celle d’un homme qui fait seulement et simplement son travail, David Fincher se prive de la capacité de marquer durablement les esprits. Car il faut en convenir: si l’on se souvient encore très facilement de Seven, de ses meurtres brutaux et de son tueur complètement fou, The Killer trouvera plutôt sa place comme un exercice de style, une façon de jouer sur le regard imperturbable de Fassbender… avec un peu de folie de Tilda Swinton saupoudré au passage.
Film certainement efficace, film franchement bien tourné – avec une multitude d’inserts fort à propos –, The Killer est du David Fincher qui tourne comme David Fincher. Le résultat? Une oeuvre tout à fait intéressante qui s’inscrit dans une cinématographie aussi éclectique qu’intrigante.