Faut-il absolument étirer la sauce jusqu’à ce que le tiroir-caisse ne résonne plus? En 2021, déjà, ce journaliste trouvait que Lupin, la télésérie de Netflix s’inspirant des oeuvres de Maurice Leblanc et mettant en vedette Omar Sy, avait perdu de sa superbe dans la deuxième saison. Cette fois, avec un nouveau « méchant », on a réellement l’impression que l’on multiplie les épisodes simplement parce que cela rapporte.
Après avoir vaincu l’infâme et terrifiant Pellegrini, un marchand d’armes retors et puissant, Lupin, ou plutôt Assane Diop (Sy), a dû prendre la fuite, alors qu’il était recherché par l’ensemble des forces policières de France. Pendant cette année passée à se cacher, c’est sa famille qui a écopé, en étant assaillie par les médias.
Éventuellement, pourtant, Diop sort de sa cachette et décide de voler une perle noire, un bijou hors de prix qui fait l’objet d’une protection supposément sans faille. Sauf que pour réaliser ce « dernier » casse, voilà que notre Lupin des temps modernes annonce son forfait à l’avance.
Les amateurs du genre seront servis: on y retrouve les mêmes plans complexes généralement exécutés à la perfection par un Omar Sy en pleine possession de ses moyens, les mêmes revirements de situation favorables à notre héros, les mêmes policiers ou autres responsables de la sécurité beaucoup trop abrutis pour leur propre bien… Sauf qu’il y a un mais. Ce mais, c’est qu’il faut impérativement un « méchant ».
En piochant de nouveau allègrement dans le passé de notre personnage principal, voilà qu’on nous ressort un grand adversaire qui va jusqu’à enlever la mère du héros pour forcer celui-ci à commettre divers vols de grande importance.
L’idée de renouer avec sa mère, alors que Diop avait largement été présenté comme un orphelin jusqu’à présent, n’est pas mauvaise. Sauf que tout cela est affreusement plaqué, d’autant plus que le méchant n’est ni plus intelligent, ni plus retors que Pellegrini. Et on s’étonnera de constater qu’encore une fois, bien des gens semblent se trouver un peu trop facilement au bon endroit, au bon moment.
Et si l’on comprend que l’histoire des gens qui n’arrivent pas à identifier Diop, alors qu’il n’est même pas déguisé, est un commentaire sur la question du racisme dans l’Hexagone, la chose était franchement plus plausible avant que le visage du personnage principal ne soit placardé à la grandeur du territoire, en plus de devenir « l’ennemi numéro 1 ».
Lupin est certainement de la télévision potable: on peut écouter les épisodes de cette nouvelle saison sans se poser aucune question, sans être surpris, ou encore sans être émotionnellement investi dans l’histoire. Mais dans cette même perspective, ce contenu est à l’image de ce que fournit trop souvent Netflix: du maïs soufflé sans vraie saveur, oubliable une fois la dernière bouchée avalée.