Ni pire ni meilleur que ce à quoi on nous a habitué, The Marvels, à l’image de son titre, remet un peu les pendules à l’heure pour la bannière avec un film qui revient un peu à l’essentiel en s’avérant être un amusant divertissement, sans prétendre à plus.
Dès le départ, on a un peu peur. Ces fonds verts, ces effets spéciaux inégaux, ces concepts mi-simili-scientifique mi-fantaisistes entre Star Wars et Star Trek… Est-ce que cela nous manquait vraiment? Parce qu’autant être honnête, la pause de près d’une demi-année de Marvel, la plus longue depuis longtemps (si l’on ne prend pas en compte les mésaventures de 2020), a certainement fait le plus grand bien.
Autrefois signe de réconfort, les films de la franchise se sont épuisés et nous ont ennuyé par le fait-même, étirant ad nauseam une recette qu’on ne savait même plus comment apprêter. Du haut de ses 105 minutes, on nous livre l’opus le plus court de la série et c’est tant mieux. Rien n’est étiré, on ne surexplique que rarement et on ne s’époumone pas à essayer de justifier chaque petit détail ou petite incongruité.
De fait, on se doute qu’en acceptant le défi la brillante Nia DaCosta connaissait les limites qui l’attendait et elle a donc décidé de s’amuser au maximum. Ainsi, on retrouve peut-être le volet qui se rapproche le plus de Thor: Ragnarok. Que ce soit dans la structure, l’histoire, les chemins empruntés – dont un détour des plus originales sur une planète inédite – bref dans pas mal tout, le méchant en moins, n’en déplaise à ce que Zawe Ashton essaie d’insuffler à sa Dar-Benn.
D’ailleurs, cette nouvelle mode de commencer ces épisodes avec le vilain de service n’aide pas au mauvais présage qui remet en question l’importance du super-héros, mais fort heureusement, Brie Larson (incompréhensiblement affublée d’un costume moulant sexy) revient rapidement à la charge, aidée de partenaires de choix.
Ainsi, on ne perd pas de temps pour mettre en vedette la gimmick qui nous intéressera ici: Captain Marvel, Ms. Marvel (présentée dans l’une des innombrables séries) et Monica Rambeau (la fille de la meilleure amie de service du premier film), sont liées par leurs pouvoirs.
Cela donne droit à des scènes d’action inventives et exécutées avec rythme, qui ne sont pas sans rappeler le combat des trous noirs du mal-aimé Thor: The Dark World, l’autre film le moins long de la saga. Cela s’ajoute aux nombreuses bonnes idées et bons gags qui pimentent le film et lui permettent d’être un divertissement léger de premier choix.
Mieux encore, l’oeuvre est le pire cauchemar de beaucoup: un film de son époque. Bonjour féminisme fluide (les personnages masculins sont rares et leur utilité est discutable, à commencer par Samuel L. Jackson, qui pour sa 15e apparition en Nick Fury, sert plutôt de mascotte de service), distribution hautement diversifiée (quel beau premier rôle hollywoodien pour le coréen Park Seo-Joon, qu’on a vu dans l’oscarisé Parasite) et humour qui ne se prend pas trop au sérieux, sans pour autant atteindre la stupidité enfantine et attardée de James Gunn. Et puis, le fait d’aborder les génocides en ces temps incertains, le tout de façon enfantine, ne fait certainement pas de tort pour en comprendre l’ampleur et les impacts.
Certes, la pétillante Iman Vellani rappelle un peu Tom Holland à ses débuts, mais elle calme plus rapidement ses ardeurs et sa chimie avec les autres est indiscutable. Teyonah Parris fait également bonne figure en renouant avec DaCosta après son ingénieux Candyman et c’était presque impensable que Tessa Thompson ne vienne pas également faire son petit tour, elle qui a brillé dans son incroyable premier film Little Woods.
Sauf qu’au reste, les collaborateurs ne sont pas habituels. Même sa monteuse Catrin Hedström a du partager la tâche avec Evan Schiff, qui vient renforcer la théorie que la post-production ne s’est pas déroulée de la manière la plus consentante, comme c’est souvent le cas chez Marvel. Dès l’écriture, d’ailleurs, la cinéaste a dû partager sa plume avec deux collaboratrices antérieures au studio. Au moins, les images du talentueux Sean Bobbitt s’en tirent pas mal, quand il n’y a pas trop d’effets spéciaux pour étouffer l’ensemble.
On apprécie également le respect que le chapitre démontre envers le premier film à coups de flashbacks qui donnent l’impression d’être des « précédemment » au début d’un épisode de feuilleton télé, oui, mais aussi avec quelques petits flashs (l’explication derrière l’absence de la toujours agréable Lashana Lynch vaut son pesant d’or et d’émotions).
Enfin, l’histoire ne casse rien et on n’en retiendra pas grand chose non plus, autre que tout ce qui aura rapport au chat, encore une fois. Sauf que The Marvels amuse par sa légèreté et sa facilité comme un bon blockbuster inoffensif devrait toujours le faire. Rapidement, bien sûr, on se fait rappeler que la saucisse fait partie de la grosse machine (la scène de mi-générique causera à égalité l’exaspération et l’excitation), mais au moins on aura ri et on aura eu du plaisir, ce qui était loin d’être toujours le cas, maintenant, quand on mentionnait Marvel.
7/10
The Marvels prend l’affiche en salle ce vendredi 10 novembre.