Une chirurgie du crâne avec les moyens du bord, il y a 2800 ans, n’était sûrement pas des plus agréables. Mais ce qui étonne, c’est le fait que des gens de l’époque aient eu les connaissances nécessaires pour risquer cette chirurgie.
L’homme dont on a retrouvé le crâne en question avait eu un hématome au cerveau. Un hématome est le résultat de sang qui s’échappe d’un vaisseau sanguin et qui s’accumule sous la peau. Si ça se produit près du cerveau, ça met de la pression sur celui-ci et peut être mortel.
Nos ancêtres ont sans doute eu très tôt l’intuition qu’un coup à la tête provoquant une ecchymose pouvait avoir des conséquences funestes. Mais avoir l’intuition qu’il pouvait être important de diminuer la pression sur cet organe — le cerveau — que personne ne pouvait observer directement, signifie qu’on avait aussi l’intuition que cet organe était essentiel. Assez essentiel pour qu’une chirurgie en vaille le coup, en dépit de tous les risques qu’elle présentait pour le patient.
Ce patient, un homme qui avait entre 30 et 35 ans, a survécu au moins huit semaines à son opération. On n’en sait pas plus sur lui ni sur les causes de son accident. Il fait partie d’un groupe de squelettes retrouvés dans un ancien cimetière de la région du Xianjiang, dans l’ouest de ce qui est aujourd’hui la Chine. Le ou les « médecins » ont dû retirer une partie de l’os du crâne, soit ce qu’on appelle aujourd’hui une craniotomie. À l’intérieur de son crâne, des signes de « cicatrisation » sont visibles: c’est ce qui permet de conclure que l’homme a vécu au moins huit semaines après l’opération.
Les auteurs de la recherche, parue le 28 septembre dans Archaeological and Anthropological Sciences, en concluent aussi que ce cas n’était pas une exception, ce qui ouvre la porte sur une frontière, qui commençait dès cette époque à être tracée, entre les traitements traditionnels basés sur les croyances ou les rituels —ce qu’on appelle, dans certaines cultures, le chamanisme— et ceux basés sur l’observation, qui deviendraient la base de la médecine.