Un mois après les attaques du Hamas qui ont fait environ 1400 morts en Israël, et alors que l’État hébreu bombarde depuis sans relâche la bande de Gaza, faisant plus de 10 000 morts, dont au moins 3000 enfants, les associations caritatives oeuvrant au Proche-Orient tentent tant bien que mal de venir en aide à ceux qui en ont besoin. Y compris les deux millions de Palestiniens coincés dans l’enclave assiégée. Rencontre.
Au bout du fil, la Dre Adriana Bara, directrice nationale de CNEWA Canada, une branche de l’Association catholique d’aide à l’Orient, ne cache pas que la situation est particulièrement difficile, en ce moment.
« Nous attendons d’avoir la permission de faire entrer de l’aide humanitaire à Gaza », a ainsi mentionné la Dre Bara lors de l’entrevue réalisée à la fin de la semaine dernière. « On a déjà envoyé un bon montant d’argent, à notre représentant présent dans notre bureau de Jérusalem, pour acheter de l’aide… J’ai compris que cet argent avait été transféré à un hôpital (de la bande de Gaza), mais on ignore quand ils pourront y accéder. Et même s’ils ont accès à l’argent, on ne sait pas s’ils pourront acheter des produits. »
Selon la Dre Bara, cet argent est destiné « à acheter des médicaments, pour de la nourriture, pour de l’eau… Des choses de base pour survivre ».
« Des besoins énormes »
Pour subvenir aux besoins des Palestiniens, mais aussi des Israéliens, CNEWA Canada a mis sur pied un fonds auquel les Canadiens peuvent contribuer, indique la Dre Bara. « C’est un fonds d’urgence… On espère pouvoir envoyer 500 000 $, mais il est certain que les besoins sont énormes. Peu importe ce que nous allons recevoir, nous allons l’envoyer. »
Au cours de ses 50 années d’activité à Gaza, CNEWA a non seulement apporté de l’aide sur le terrain, mais aussi contribué à financer diverses institutions, notamment des hôpitaux, mais aussi des centres culturels et des églises. Plusieurs de ces bâtiments ont été bombardés par l’armée israélienne, ces derniers jours, mentionne encore la Dre Bara.
Cette dernière ne passe d’ailleurs pas par quatre chemins: les collaborateurs de l’Association sur le terrain, à Gaza, « sont vulnérables ». « L’un de nos collègues, sur le terrain, a perdu ses parents et sa nièce lors du bombardement d’une église grecque orthodoxe par Israël… On a perdu 15 collaborateurs », lâche la Dre Bara.
Pour tenter de trouver des façons de protéger non seulement les collaborateurs de l’organisation, mais aussi la population en général, le directeur de CNEWA à Jérusalem « est en contact avec plusieurs autres Églises, notamment l’Église orthodoxe, l’Église anglicane… C’est une belle collaboration », indique la Dre Bara, avant d’ajouter que certaines rencontres ont lieu avec le gouvernement israélien.
La directrice de CNEWA Canada dit également fonder beaucoup d’espoirs « dans la diplomatie canadienne, que notre gouvernement intervienne et nous donne la possibilité d’aider, d’avoir un impact positif et palpable. Parce que nous attendons d’avoir la permission d’aider ». Il n’y a toutefois pas de contacts directs avec Affaires mondiales Canada, mais l’organisation a tissé des liens avec d’autres ministres fédéraux, ministres qui sont appelés « à influencer le gouvernement pour que nous ayons la permission d’aider », mentionne la Dre Bara, en parlant non seulement de CNEWA, mais de toutes les autres associations humanitaires qui oeuvrent au Proche-Orient.
Les services de CNEWA ne sont d’ailleurs pas restreints à Gaza, ou à une confession religieuse en particulier, affirme la Dre Bara: « N’importe qui peut venir nous voir, dans un monastère, dans une église… n’importe qui frappe à notre porte, on essaie d’aider les gens. Sans leur demander quelle est leur religion. On aide parce que nous sommes des chrétiens, pas parce qu’ils sont des chrétiens. »