Quelque part, dans une petite ville (ou une grande métropole, qui sait?), des âmes en peine circulent, cherchant sans trop le savoir une porte de sortie, une façon de reprendre plaisir à la vie. Et tout cela se déroule dans le cadre de la pièce intitulée Les remugles ou la danse nuptiale est une langue morte, présentée à la Salle Fred-Barry du théâtre Denise-Pelletier.
Il y a cette femme, clairement victime de violence conjugale, qui trouve refuge dans un magasin Clair de Lune, parce que, dit-elle, c’est le seul endroit où le personnel est entièrement féminin; il y a ce livreur de chez FedEx qui tenter de tisser des liens avec ses clients; cette amie qui vit une peine d’amour difficile, ou encore ce jeune homme qui, lui, n’a jamais connu les relations de couple.
Tous ces gens, guidés par le texte de Caroline Bélisle, vont valser les uns avec les autres, parfois littéralement, à la recherche de ce petit quelque chose qui leur permettra d’obtenir une nouvelle perspective sur l’existence. Et, peut-être, trouver une nouvelle raison de se lever, le matin.
S’il ne s’agit certainement pas de la première pièce à aborder la question des relations humaines, ou encore le sujet universel de l’amour et des sentiments envers autrui, Les remugles tente de brasser un peu la cage en injectant – et il est peut-être étrange de définir la chose de cette façon – un peu de normalité.
Plutôt que de placer les spectateurs face à la pire peine d’amour qui soit, ou le coup de foudre le plus incroyable, nos personnages vaquent à leurs occupations quotidiennes. Certes, ils sont affectés par les différents développements dans leur vie personnelle, mais on a le sentiment que chaque individu dispose d’une force de caractère suffisante pour surmonter les divers obstacles auxquels ils seront confrontés.
Mais cette « normalisation » est aussi ce qui empêche Les remugles de devenir une oeuvre dont on se souviendra longtemps: sans grandsenjeux, sans questions de vie ou de mort, on ne fait qu’assister à la vie quotidienne de gens ordinaires, qui vivent des choses relativement ordinaires. Cette impression est d’ailleurs renforcée par l’ajout d’une trop forte dose d’humour, ce qui vient évidemment contrer le côté dramatique de l’ensemble.
On notera toutefois, avec un intérêt marqué l’utilisation de méthodes scéniques novatrices, comme l’intégration de la danse contemporaine pour évoquer divers moments plus touchants.
Mais malgré ce choix, Les remugles donnent l’impression d’une oeuvre qui n’arrive pas à atteindre l’objectif qu’elle s’est elle-même fixé. Comme si, justement, les thèmes abordés échappaient in extremis aux phrases de l’autrice.
Les remugles ou la danse nuptiale est une langue morte, à la Salle Fred-Barry du théâtre Denise-Pelletier jusqu’au 11 novembre
Une oeuvre de Caroline Bélisle; mise en scène et direction artistique de Marcia Babineau, avec Ludger Beaulieu, Caroline Bélisle, Frédérique Cyr-Deschênes, Nicolas Dupuis et Cassidy Lynn Gaudet