Clôturant le cycle Stations le 1er novembre à l’Usine C, la prodigieuse Louise Lecavalier n’a jamais été aussi juvénile.
En une heure, Lecavalier s’abandonne aux spasmes et à ses articulations, repoussant l’effort à des stades extrêmes. La danseuse agite sa chevelure en bataille, sur une musique alternant entre techno des tripes et saxophone endiablé.
Survoltée de watts, entre quatre colonnes fluorescentes, l’artiste mythique secoue les mains en transe, toute d’obscurité vêtue. Son hallucinant jeu de pieds latéral sur scène fait croire à d’invisibles roulettes.
Renversante, elle bascule la tête à 180 degrés, offrant son visage au spectateur bluffé de ce face-à-face inversé.
Dans son corps vibre une fée gracile, puis une adolescente portant sa veste à capuche à la fougue hip hop. Une femme sans âge, ou plutôt de tous les âges, défiant les codes et se jouant de la solitude.
Entre affolement et quête de stabilité, Stations reflète ce que l’ayurvéda évoque le dosha « Vata » : des éléments d’air et de mouvement. Une mouvance du corps et de l’esprit au gré du vent de la vie.
Louise Lecavalier l’incarne ainsi de la tête aux pieds, avec cette performance invitant à une introspection sur la folie contemporaine, les secousses d’un monde balloté où l’être humain avance, automate aspirant à la paix intérieure. La dernière pièce musicale porte d’ailleurs cet appel de ne jamais craindre la couleur noire, arène de quiétude suprême.