Les géantes gazeuses peuvent être des agentes du chaos, en s’assurant que rien ne puisse vivre sur les planètes voisines similaires à la Terre, dans d’autres systèmes solaires. De fait, de nouvelles études révèlent que dans certains systèmes planétaires, ces géantes tendent à faire sortir de plus petites planètes de leur orbite et de profondément transformer leur climat.
Jupiter, de loin la plus grosse planète de notre système solaire, joue un important rôle de protection. Son énorme champ gravitationnel détourne les comètes et les astéroïdes qui pourraient autrement menacer la Terre, ce qui aide à créer un environnement stable propice à la vie.
Cependant, ailleurs dans l’univers, les géantes gazeuses ne protègent pas nécessairement la vie se trouvant à la surface de leurs voisines telluriques.
Dans l’étude publiée dans l’Astronomical Journal, les auteurs des travaux indiquent comment l’importante influence gravitationnelle des planètes géantes a la capacité de faire sortir les planètes similaires à la nôtre de la « zone habitable », c’est-à-dire l’espace, autour d’une étoile, où les températures sont suffisamment chaudes pour que l’eau puisse y exister sous forme liquide, rendant du même coup possible l’apparition de la vie.
Contrairement à d’autres systèmes connus, les quatre géantes gazeuses se trouvant dans le système solaire HD 141399, à environ 121 années-lumière de notre propre système, sont situées plus loin de leur étoile. Cela, indiquent les spécialistes, permet de s’en servir comme modèle de comparaison avec notre propre système solaire, où Jupiter et Saturne sont relativement proches du Soleil.
« C’est comme s’il y avait quatre Jupiters agissant comme autant de boules de démolition qui vont tout faire dérailler », soutient l’auteur de l’étude, Stephen Kane, astrophysicien à l’Université de Californie à Riverside.
En tentant compte des données sur les planètes de ce système solaire, M. Kane a mené plusieurs simulations pour comprendre l’effet de ces quatre géantes. Le chercheur souhaitait spécifiquement examiner la zone habitable de ce système solaire et déterminer si une planète comme la Terre pouvait y conserver une orbite stable.
« La réponse est oui, mais c’est très peu probable. On ne compte qu’un petit nombre de zones où l’attraction gravitationnelle des planètes géantes ne va pas faire dérailler l’orbite d’un monde tellurique et le faire sortir de la zone habitable », affirme-t-il.
Un danger plus près
Si cette étude démontre que des mondes géants à l’extérieur de la zone habitable peuvent réduire à néant les possibilités de développement d’une vie extraterrestre, une autre étude indique qu’une seule planète de grande taille, située dans le milieu de la zone habitable, aurait un effet similaire.
Ces seconds travaux s’articulent autour d’un système solaire situé à seulement 30 années-lumière de la Terre appelé GJ 357.
De précédentes recherches ont indiqué qu’une planète de ce système, appelée GJ 357 d, se trouve dans la zone habitable, dont la masse serait environ six fois supérieure à celle de la Terre. Cependant, M. Kane révèle, dans sa propre étude, que la masse de ce monde est probablement bien plus importante.
« Il est possible que GJ 357 d représente environ 10 masses terrestres, ce qui veut dire que la planète n’est probablement pas tellurique, alors on ne pourrait pas y trouver de la vie », juge le scientifique. « Ou, du moins, la vie qu’on y trouverait ne correspondrait pas à celle que l’on connaît. »
Au dire de M. Kane et de sa collègue Tara Fetherolf, les nouveaux travaux indiquent que si la planète est bien plus vaste que ce qui avait précédemment été recensé, il est évident que cela empêcherait d’autres planètes, cette fois de la taille de la Terre, de se retrouver dans la zone habitable.
Et bien qu’il existe aussi certains endroits spécifiques, dans la zone habitable de ce système solaire, où une Terre pourrait théoriquement se trouver, les orbites qui en résulteraient seraient fortement elliptiques autour de l’étoile. « En d’autres mots, les orbites créeraient des climats complètement fous sur ces mondes », mentionne M. Kane.
« Nos travaux sont un avertissement: lorsque nous trouvons des planètes situées dans une zone habitable, il ne faut pas automatiquement présumer qu’elles peuvent abriter de la vie. »