Des millions d’oisillons meurent des conséquences directes ou indirectes des changements climatiques chaque année, rien qu’aux États-Unis. Directement, à cause de la déshydratation, ou indirectement, parce que leurs parents n’ont pas été capables de leur trouver assez de nourriture.
C’est ce qui ressort d’une étude parue le 19 octobre dans la revue Science. Les chercheurs de l’Université de Californie insistent sur le fait que la croissance de ce phénomène est difficile à estimer, faute d’avoir un recul historique suffisant. En conséquence, on ne peut non plus estimer à quel moment, dans le futur, cela va carrément menacer l’existence de certaines espèces d’oiseaux. Mais l’impact du réchauffement sur le taux de mortalité des oisillons est bel et bien réel, et les biologistes s’en doutent depuis longtemps: certaines espèces ne peuvent survivre que dans une fourchette étroite de températures; d’autres dépendent de sources de nourriture qui sont elles-mêmes vulnérables aux canicules. Et c’est en plus des habitats grugés par la croissance urbaine ou l’agriculture.
Sans surprise, les oiseaux vivant dans des zones dénuées d’ombres — en-dehors des forêts, en particulier— et dans des cabanes conçues pour eux, sont davantage vulnérables aux canicules que ceux qui ont fait leurs nids dans les secteurs ombragés et dans les trous d’arbres. Par contre, le taux de survie semble plus élevé en ville que dans des secteurs agricoles — peut-être parce qu’en ville, des nids peuvent souvent bénéficier d’arbres ou de l’ombre d’un boisé.
Les chercheurs ont utilisé une initiative dite de « science citoyenne », appelée Projet Nestwatch: 152 000 observations de nids (en anglais, nest) de près de 60 espèces d’oiseaux, observations effectuées à travers les États-Unis depuis 23 ans par des milliers de volontaires.
Mais ces observations n’arrivent pas de nulle part. Elles s’ajoutent notamment à cette alarme lancée en 2019 par sept grandes institutions ornithologiques: d’après leur estimation, la population d’oiseaux en âge de se reproduire aurait chuté de 30% depuis les années 1970, ou l’équivalent de 3 milliards d’oiseaux. Elles s’ajoutent aussi à ces nombreuses études qui ont montré qu’un grand nombre d’espèces nord-américaines faisaient leurs nids trois ou quatre semaines plus tôt dans la saison qu’il y a 100 ans —sans qu’on puisse affirmer si cela leur est profitable ou non.
À ceux qui cherchent des solutions à ce déclin des populations, la nouvelle étude pointe tout au plus l’importance des zones ombragées : autrement dit, la différence que peut faire la plantation d’arbres, même en plein secteur agricole.