Alors que le conflit entre Israël et le Hamas se poursuit, bientôt trois semaines après l’attaque-surprise qui a déclenché les affrontements les plus violents depuis des décennies au Proche-Orient, l’organisme Oxfam a accusé l’État hébreu d’utiliser la faim comme arme de guerre.
Dans une déclaration transmise par voie de communiqué, l’organisation internationale a ainsi réitéré son appel à donner le feu vert pour que les denrées de première nécessité, comme l’eau potable, la nourriture, mais aussi le carburant, puissent de nouveau entrer dans la bande de Gaza, soumise à un siège par les forces israéliennes.
« La faim comme arme de guerre contre les civils de Gaza est inacceptable. Nous appelons les dirigeants à agir immédiatement pour mettre fin à cette souffrance. La situation actuelle à Gaza est une violation flagrante du droit international humanitaire, et il est de notre devoir de garantir un accès équitable à la nourriture, à l’eau et aux fournitures essentielles pour sauver des vies et soulager la détresse de la population », a ainsi souligné Béatrice Vaugrante, directrice générale d’Oxfam Québec, toujours par voie de communiqué.
La semaine dernière, Oxfam avait déjà fait savoir que la coupure quasi totale de l’approvisionnement en eau potable de la bande de Gaza, un geste décidé par le gouvernement israélien, augmentait très largement le risque d’apparition de maladies, comme le choléra, pour les plus de deux millions de personnes coincées dans ce petit territoire.
Cette fois, l’organisation soutient avoir « analysé les données des Nations unies » et estime que « seulement 2 % des denrées alimentaires qui auraient dû être livrées sont entrées à Gaza depuis que le siège a été imposé le 9 octobre ».
« Aucune importation commerciale de nourriture n’a été livrée », a-t-on ajouté.
Plus de deux millions de personnes confrontées à la famine
« Alors que l’escalade du conflit en est à son 19e jour, 2,2 millions de personnes ont un besoin urgent de nourriture. Avant les hostilités, 104 camions livraient chaque jour de la nourriture à dans la bande de Gaza assiégée, soit un camion toutes les 14 minutes », rappelle l’organisation dans sa déclaration transmise jeudi.
Et si une soixantaine de camions ont pu entrer à Gaza via le point de passage de Rafah, en Égypte, à peine la moitié d’entre eux transportaient des vivres, précise-t-on.
Cette situation est jugée catastrophique par Sally Abi Khalil, directrice générale d’Oxfam pour le Moyen-Orient.
« Où est l’humanité ? Des millions de civils sont punis collectivement au vu et au su du monde entier. Rien ne peut justifier l’utilisation de la faim comme arme de guerre. Les dirigeants du monde ne peuvent pas continuer à rester les bras croisés, ils ont l’obligation d’agir maintenant », a-t-elle assené.
« Chaque jour, la situation s’aggrave. Les enfants sont gravement traumatisés par les bombardements incessants, l’eau potable est polluée ou rationnée et les familles risquent bientôt de ne plus pouvoir les nourrir. Combien de temps les habitants de Gaza devront-ils encore endurer cela? »
Le droit international interdit le retour à la faim comme méthode de faire la guerre. Oxfam juge ainsi qu’Israël, qui bafoue déjà plusieurs résolutions des Nations unies sur ses colonies illégales de peuplement en Cisjordanie, par exemple, se doit de respecter ses obligations légales.
Devant cet état de fait, Oxfam presse le Conseil de sécurité des Nations unies et les États membres de l’ONU « d’agir immédiatement pour éviter que la situation ne se détériore davantage », ce qui comprendrait un « cessez-le-feu immédiat », pour que les organisations humanitaires puissent ensuite librement accéder à l’ensemble de la bande de Gaza.