Une des zones d’ombres dans l’influence future des changements climatiques, est du côté des ouragans: y en aura-t-il plus, ou seront-ils plus violents? Une compilation des ouragans des 50 dernières années suggère qu’ils ont déjà commencé à être plus violents et surtout, à gagner plus vite en puissance.
Quatre des cinq ouragans de l’Atlantique à avoir causé le plus de dommages économiques depuis 1970 sont survenus depuis six ans. Dont trois en 2017.
Et c’est la vitesse à laquelle ils gagnent en puissance qui pourrait être le facteur le plus significatif que quelque chose est en train de changer: à titre d’exemple, Maria, en 2017, est passée du statut de tempête tropicale à un ouragan de catégorie 5 en seulement deux jours. Maria a laissé dans son sillage près de 3000 morts, la plupart à Porto Rico.
Or, des ouragans de l’Atlantique qui gagnent très vite en puissance, constituent un risque élevé pour des millions de personnes qui, des îles des Antilles jusqu’aux côtes du sud-est des États-Unis, auront moins de temps pour évacuer. Dans l’article paru le 19 octobre dans la revue Scientific Reports, on peut lire que « la moyenne maximale du taux d’intensification des tempêtes tropicales » est en hausse de 28,7 % dans la période 2001-2020 par rapport à la période 1971-1990. Concrètement, cela se traduit par deux fois plus d’ouragans qui, en seulement 36 heures, sont passés d’une catégorie 1 (pas de dégâts significatifs aux bâtiments) à une catégorie 4 ou 5 (dégâts considérables, évacuations nécessaires).
En un sens, il n’est pas anormal de penser que les ouragans soient plus puissants dans un climat plus chaud, leur « carburant » étant la température de l’eau. Mais avec « seulement » quelques ouragans majeurs par année dans l’Atlantique, les experts débattent depuis des années du seuil à partir duquel cette hausse de la température aura vraiment un impact mesurable.
La particularité de cette compilation de 830 tempêtes tropicales et ouragans survenus depuis 1971, effectuée sous la direction de la climatologue Andra J. Garner, du département des sciences de l’environnement de l’Université Rowan, au New Jersey, c’est que plutôt que de prendre isolément chaque tempête, la chercheure a calculé le taux d’intensification par blocs (12 heures, 24 heures, 36 heures). C’est ce qui permet de voir cette réduction du délai entre le moment où une tempête est peu menaçante et celui où elle devient carrément inquiétante.
Aux États-Unis, le magazine The Hill, qui s’intéresse d’ordinaire à la politique plutôt qu’à l’environnement, a profité de cette étude pour signaler que, sur les quelque 160 « désastres climatiques » qui ont causé depuis 10 ans plus de 1 milliard$ de dégâts chacun, 24 étaient des ouragans.