Les travailleurs possédant des connaissances liées à l’intelligence artificielle sont « particulièrement recherchés » et pourraient mériter des salaires 21 % plus élevés que la moyenne, mais potentiellement jusqu’à 40 % plus élevés, en partie parce que ces compétences peuvent être combinées à d’autres talents.
Voilà du moins ce qu’affirme une étude réalisée par des chercheurs du Oxford Internet Institute, ainsi que du Center for Social Data Science de l’Université de Copenhague.
La nature hautement « complémentaire » des talents liés à l’IA (ils peuvent être combinés à une vaste série d’autres capacités et connaissances elles aussi recherchées, indiquent les auteurs) s’est avérée être un facteur majeur lorsqu’est venu le temps de revoir à la hausse la valeur des capacités liées à l’IA, a constaté l’équipe de recherche.
L’étude s’est concentrée sur 962 compétences et 25 000 travailleurs, et a permis de constater que la valeur d’une compétence est déterminée par la complémentarité, ou à quel point elle peut être combinée à d’autres talents.
L’expansion des nouvelles technologies, et plus particulièrement l’IA, a été jugée comme étant un important facteur venant influencer la valeur des compétences.
Les langages de programmation et les compétences liées à la science des données font ainsi partie des talents les plus recherchés; en fait, en ce qui concerne les connaissances liées à l’IA, les plus en demande, sur le plan monétaire, sont l’apprentissage machine (40 % de salaire en plus), la connaissance de l’outil TensorFlow (+38 %), l’apprentissage profond (+27 %), le traitement du langage naturel (+19%), ainsi que la science des données (+17 %).
Selon le Dr Fabian Stephany, l’un des coauteurs de l’étude, « nous savons que nous n’utilisons jamais des compétences en situation d’isolement. En s’appuyant sur ces données, nous avons constaté quelles compétences étaient les plus recherchées et quels groupements de talents étaient en demande. Cela nous a permis d’établir une valeur financière aux compétences et talents complémentaires, en fonction des tendances sur le marché du travail ».
De son côté, un autre coauteur des travaux, Ole Teutloff, a affirmé que « conceptualiser la relation entre les compétences comme un réseau nous a permis de démontrer l’existence de la dépendance du capital humain en fonction du contexte ».
Le Dr Stephany a ajouté que « nos conclusions ont des implications importantes pour les personnes, les entreprises et les décideurs politiques. En reconnaissant la valeur de la complémentarité, nous pouvons mieux guider les travailleurs dans leur parcours individuel visant à obtenir de nouvelles compétences, en cette époque de transformation technologique ».
Les conclusions de l’étude, de l’avis de ses auteurs, suggèrent que plus une compétence peut être combinée à une autre, plus elle vaut cher. Des talents comme l’analyse de données sont en partis recherchés parce qu’ils peuvent être combinés à d’autres compétences qui valent beaucoup d’argent. En contraste, le fait de pouvoir effectuer de la retouche photo ne peut être combiné qu’à un nombre limité de compétences, et ont donc été classé comme ayant une valeur monétaire plus faible.
Pour parvenir à leurs conclusions, les chercheurs ont utilisé des données provenant de près de 50 000 projets indépendants publiés sur des plateformes de travail indépendant, aux États-Unis, entre 2014 et 2022. Les compétences des projets complétés ont été classées afin de créer un réseau démontrant leur valeur, en dollars américains, ainsi que leurs relations entre elles.