C’est sur une chorégraphie du Canadien Peter Quanz (Casse-Noisette, Winter Dream, Meet Again when the Flowers bloom) que les Grands Ballets interprètent La Dame aux camélias, basée sur l’œuvre d’Alexandre Dumas fils, à compter du 19 octobre et jusqu’au 28, à la salle Wilfrid-Pelletier de la Place des Arts.
La grande originalité de cette œuvre, c’est le choix de représenter Marguerite et Armand à travers trois couples de danseurs. En alternance ou en parallèle, les six danseurs ont représenté les différents thèmes de l’œuvre. Six rôles titre donc et autant d’occasions d’apprécier le talent de soliste des Aurora De Mori, Marcel Gutiérrez, Yui Sugawara, Graeme Fuhrman, Emma Gareau Cima et Célestin Boutin. Toutes ces étoiles en sont vraiment et les autres membres de la troupe ne sont pas en reste.
Ce qu’il faut retenir du spectacle offert le 20 octobre dernier, ce sont sans doute, la rigueur des interprètes, leur grand talent, leur engagement et la beauté, la beauté de toute cette harmonie.
C’est impressionnant le nombre de pirouettes parfaites, d’arabesques gracieuses, de portés réalisés apparemment sans effort qu’on a pu voir ce soir-là. Mais, à la fin, le nombre des prouesses a pu avoir raison de l’endurance de certains spectateurs. La longueur, c’est sans doute la principale faiblesse de cette œuvre.
La musique, de son côté, était à la hauteur sous la baguette de Dina Gilbert, mais surtout sous les doigts de la pianiste Rosalie Asselin. Le fait que le piano soit sur la scène ajoutait un petit quelque chose d’intimiste qui créait un bel équilibre avec les scènes de groupe qui étaient souvent enlevées.
En parlant de scènes enlevées, je me rappellerai longtemps l’ouverture du deuxième acte, alors que la courtisane Marguerite est éclipsée par Olympe et que tous les danseurs s’en donnent à cœur joie et nous en mettent plein la vue : un véritable moment d’anthologie.
La plupart des costumes étaient bien adaptés, chatoyants et lumineux, sauf pour une certaine robe aux tons de bleu qui semblait avoir été découpée dans des draperies des années 1970. Mais retenons tout de même le nom d’Anne Armit.
Les éclairages de Marc Parent s’alliaient parfaitement à l’action avec seulement une ou deux transitions un peu fades, alors que les décors de Michael Gianfrancesco ne méritent que des éloges.
Les accessoires de Normand Blais sont efficaces, mais le choix de faire tomber du plafond des dizaines de copies de la lettre d’adieux de Marguerite est venu enlever du sérieux à la scène la plus dramatique du spectacle. Ce n’était vraiment pas nécessaire. Une autre chose qui n’était pas nécessaire, ce sont les deux tentatives de faire de l’humour qui sont tombées à plat et c’est le cas de le dire, alors qu’un danseur est tombé sur un divan et l’autre sur le sol, sans aucune raison.
Nous sommes aussi en droit de nous demander pourquoi un des interprètes d’Armand se met à jouer de la cravache dans un de ses solos. Je n’ai pas compris d’où ça venait.
En conclusion, on ne peut que constater le niveau de talent et de professionnalisme des Grands Ballets et, si on aime le ballet classique, se dépêcher de prendre des billets… s’il en reste.