Malgré la très lente reprise de la distribution d’urgence des denrées, de l’eau potable et de l’énergie dans la bande de Gaza par des partenaires d’Oxfam, plusieurs maladies dangereuses, dont le choléra, menacent les habitants de cette gangue de terre soumise à un blocus et à un bombardement sans précédent de la part des forces israéliennes, affirme l’organisation internationale.
Près de deux semaines après une attaque-surprise du Hamas, qui a entraîné des représailles particulièrement violentes, dans la bande de Gaza, tuant plus de 2000 Palestiniens et semblant servir de préambule à une invasion terrestre massive, « l’ampleur des besoins et le chaos logistique posent d’énormes défis », soutient Oxfam par voie de communiqué.
« Gaza est confrontée à une crise sanitaire sans précédent qui risque de provoquer une épidémie de maladies infectieuses mortelles, comme le choléra, car les services d’approvisionnement en eau et d’assainissement sont complètement en panne », poursuit l’organisme, qui précise que les cinq usines de traitement des eaux usées de ce territoire palestinien sous contrôle du Hamas, tout compte une bonne partie des 65 stations de pompage des eaux usées, ont dû fermer leurs portes, notamment en raison de la coupure, décrétée par Israël, de l’alimentation en électricité de la région.
De fait, les eaux usées sont maintenant déversées dans la mer, alors que « dans certaines zones, les déchets solides s’accumulent dans les rues ».
Quant à l’eau potable, les réserves sont « pratiquement épuisées »; des Palestiniens, désespérés, s’abreuvent dans les puits des fermes. Au total, à peine trois litres d’eau sont disponibles, par habitant, à Gaza, a fait savoir le groupe sur l’Eau et l’Assainissement des Nations unies, rapporte Oxfam, qui est membre de cette association.
Pourtant, l’Organisation mondiale de la santé recommande que pour répondre aux besoins de santé de base, une personne ait accès à au moins 50, sinon 100 litres d’eau par jour.
Et s’il existe bien quelques exploitants privés qui gèrent des usines de dessalement ou de purification d’eau, cette grande rareté de la ressource a fait en sorte que le prix de l’eau potable a été multiplié par cinq, a fait savoir Oxfam.
Au sein de l’organisme, d’ailleurs, la directrice générale de la section Québec, Béatrice Vaugrante, a martelé que « l’appel à un cessez-le-feu doit être entendu pour urgemment porter secours ».
« Nous sommes profondément attristés et révoltés par la perte de centaines de vies humaines suite au bombardement de l’hôpital Ahli Arab, à Gaza », a-t-elle ajouté.
Cet événement, dénoncé de part et d’autre, est attribué, selon le Hamas, à une attaque israélienne, alors que l’État hébreu soutient que le Djihad islamique, un groupe armé rallié au Hamas, est plutôt responsable de cette explosion qui a fait au moins 500 morts, jusqu’à présent, alimentant au passage les risques d’embrasement du conflit, et réduisant d’autant les probabilités d’un cessez-le-feu entre les belligérants, même à des fins humanitaires.
« Plus de deux millions de personnes endurent d’énormes privations d’eau, de nourriture et vivent dans des conditions d’hygiène déplorables, en plus de subir des bombardements indiscriminés. Des familles vivent une situation inacceptable et sont à risque d’une crise sanitaire sans précédent. Nous pouvons agir avec nos partenaires dès que les conditions le permettent. Laissez les humanitaires faire leur travail! », a encore lancé Mme Vaugrante.
Un peu d’aide
Pour l’instant, malgré les conditions extrêmement difficiles, Oxfam affirme pouvoir travailler avec un petit nombre de partenaires, sur le terrain, notamment pour offrir de l’argent à des ménages, pour que ceux-ci puissent s’approvisionner « à l’un des derniers supermarchés encore ouverts ». Pour l’instant, 800 familles gazaouies ont ainsi reçu cette aide financière.
L’argent sert aussi à « acheter des kits contenant du savon, du shampoing, des serviettes hygiéniques et du dentifrice ».
« Nous avons atteint un point où les sages-femmes doivent aider à accoucher par téléphone, car il n’y a aucune sécurité même lors de l’accouchement. Notre plan est de fournir de l’aide dès que les routes seront accessibles, nous attendons juste le signal pour le faire. Nous sommes en contact permanent avec celles et ceux qui sont sur le terrain, attendant la première opportunité pour aider », a déclaré un porte-parole de la Palestine Medical Relief Society, l’un des partenaires d’Oxfam sur le terrain.
« Dans cette situation, l’aide est désespérément nécessaire. Des personnes ne sont pas seulement tuées lors des attaques, mais aussi à cause de maladies causées par des conditions insalubres, le manque de nourriture et des conditions insalubres pour les enfants, les femmes et les enfants », a-t-on ajouté.