La diffusion de musique en ligne (streaming) a toujours autant la cote chez les mélomanes québécois, rapporte l’Institut de la statistique du Québec (ISQ), qui fait état de près de 24 milliards d’écoutes recensées l’an dernier.
Ce nombre est toutefois accompagné d’une mauvaise nouvelle pour les artistes d’ici: la proportion de pistes écoutées en français, ou encore celle de chansons d’origine québécoise, sont très faibles. À l’inverse, la musique anglophone domine très largement ce palmarès.
Ainsi selon l’ISQ, à peine 8 % des chansons écoutées sur Spotify, Tidal et les autres sont d’origine québécoise. Parmi les 25 interprètes ayant obtenu le plus d’écoutes au Québec, l’an dernier, trois seulement sont d’ici. Il s’agit des Cowboys fringants (en 15e place), de Charlotte Cardin (20e place) et d’Enima (24e place).
« Parmi les 10 000 pistes les plus écoutées, la part des enregistrements interprétés en français est de 8,6 % (5,3 % proviennent du Québec et 3,3 %, de l’extérieur de la province), alors que celle des enregistrements interprétés en anglais s’élève à 85,7 % (1,4 % proviennent du Québec et 84,3 %, de l’extérieur) », mentionne aussi l’ISQ dans son bulletin intitulé La consommation d’enregistrements musicaux au Québec en 2022.
Et plus des deux tiers des mélomanes se tournant vers les plateformes d’écoute semblent résider dans la région de Montréal: les données de l’ISQ indiquent effectivement que 70 % de l’écoute totale de la musique en continu provient de la grande région de la métropole, dont 56 % de Montréal elle-même.
La chance ne semble par ailleurs pas beaucoup sourire aux nouveaux morceaux d’interprètes d’ici, soit les chansons qui sont disponibles depuis 18 mois ou moins, alors qu’ils ne représentent que 2,3 % de la consommation de musique en ligne.
Du côté des ventes, c’est aussi un recul important: en 2021, les nouveaux albums (physiques et numériques) représentaient 53 % de l’activité. L’an dernier, ce taux a chuté à 38 %, soit la proportion la plus faible depuis 2018, mentionne l’ISQ.
Il y a toutefois une certaine lueur d’espoir pour les produits musicaux en français, alors que ceux-ci ont enregistré leur première hausse en cinq ans, tous supports et formats confondus.
Dans l’ensemble, cependant, les ventes de disques compacts ont dévissé 19 % entre 2021 et 2022; idem pour les albums numériques, alors que la vente de pièces individuelles a diminué de 13 %.
Les ventes de vinyles, elles, surfent sur une vague qui ne semble pas près de s’arrêter. L’an dernier, il était donc question d’une croissance de 3 % par rapport à 2021. Au total, les vinyles représentent environ le quart des ventes d’albums physique, « du jamais vu en 20 ans », mentionne l’ISQ.