Disponible cette semaine en 4K, Blu-ray et DVD, The Last Voyage of the Demeter explore une facette moins connue du roman de Bram Stoker, soit le voyage en bateau de Dracula de la Roumanie à l’Angleterre, et le sort des pauvres marins à bord.
En juillet 1897, le Demeter, un navire de commerce, accoste en Bulgarie afin de prendre possession de la cargaison qu’il doit livrer à Londres. Des sacs de coton de la Turquie, dix barils de pétrole et cinquante caisses de bois en provenance de la Roumanie et marquées d’un sceau à l’effigie d’un dragon sont chargés dans sa cale. Le capitaine Elliot profite de cette escale pour combler son manque de bras et engager trois hommes supplémentaires afin de compléter son équipage, dont Clemens, un médecin noir victime de racisme qui rentre chez lui après avoir tenté, sans succès, de trouver du travail.
Après quelques jours en mer, un passager clandestin est découvert à bord, une femme qui semble souffrir d’une infection sanguine. Peu de temps après, le chien du petit-fils du capitaine est retrouvé égorgé, tout comme les autres animaux qui devaient servir de nourriture durant le voyage. Les membres de l’équipage commencent ensuite à disparaître mystérieusement les uns après les autres, et la peur et la panique s’emparent de ceux qui restent. Il devient évident qu’un terrible prédateur est caché sur le Demeter. Les marins échafaudent alors un plan pour survivre, ou au pire empêcher le monstre d’atteindre la côte, où il ferait d’innombrables victimes afin de satisfaire ses appétits.
Depuis le premier film de Tod Browning en 1931, une bonne douzaine de cinéastes différents ont adapté l’histoire de Dracula au cinéma. Il est donc normal que les réalisateurs de nos jours tentent d’explorer de nouveaux aspects du classique, et après Renfield, qui s’attardait au destin de son fidèle servant, The Last Voyage of the Demeter s’inspire quant à lui du septième chapitre du roman de Bram Stoker se présentant sous la forme du journal de bord du capitaine du navire ayant transporté, à son insu, le suceur de sang de la Roumanie à l’Angleterre, et le film d’André Øvredal évoque une sorte d’Alien en mer, où le vaisseau spatial est remplacé par un bateau et le xénomorphe par un vampire.
Comme il y a assez peu de matériel (et de nombreux trous) dans ce court chapitre du roman de Stoker pour alimenter un long-métrage de deux heures, les scénaristes Bragi Schut Jr. et Zak Olkewicz ont ajouté leur propre touche au récit, dépeignant la vie sur ces navires à voile sur le point d’être remplacés par la vapeur et le métal, et abordant le racisme de l’époque par le biais du personnage de Clemens, un homme cartésien ne croyant qu’à la science et la nature qui sera confronté à une force surnaturelle qu’il devra neutraliser. Quiconque est familier avec l’histoire de Dracula sait d’avance comment le film se terminera, mais au moins, la conclusion n’est vraiment pas hollywoodienne, alors que le Mal l’emportera sur les membres de l’équipage.
Puisqu’il se passe presque exclusivement à bord d’un bateau, The Last Voyage of the Demeter prend les allures d’un huis clos étouffant et claustrophobique, et le réalisateur manie bien la tension, qui croît à mesure que l’intrigue progresse. S’il y a quelques rares scènes ensoleillées, la majorité du film est noyé dans la noirceur, entre les cales sombres du navire, les journées grises et pluvieuses, les nuits étoilées, ou la mer en furie balayée par les tempêtes et les éclairs. Délaissant les portraits plus romantiques auxquels le cinéma nous a souvent habitués, le vampire n’est pas présenté comme un artistocrate charismatique et sensuel, mais bien un véritable monstre terrifiant et répugnant, plus près de l’animal sauvage que de l’humain.
Le jeu des comédiens, même du jeune Woody Norman qui incarne Toby, le petit-fils du capitaine, est impeccable, et la peur qu’éprouvent leurs personnages traqués et sans espoir de fuite, est bien palpable à l’écran. Dans la peau de Clemens, l’un des tout premiers Noirs à recevoir un diplôme de médecine de Harvard, Corey Hawkins (BlacKkKlansman) est définitivement l’acteur le plus proéminent de l’intrigue, et il livre une performance solide. Seule femme de la distribution, Aisling Franciosi tire bien son épingle du jeu. Peu développés, les membres de l’équipage servent pour la plupart de chair à canon, mais on remarque la présence de Liam Cunningham (Game of Thrones) dans le rôle du capitaine Elliot et de David Dastmalchian (le Polka-Dot Man du Suicide Squad de James Gunn), qui incarne son second.
Contenant le long-métrage sur disques Blu-ray et DVD, l’édition haute définition de The Last Voyage of the Demeter inclut également une bonne dose de matériel supplémentaire, dont une ouverture alternative, huit scènes retirées du montage, ainsi qu’une piste de commentaires livrée par le réalisateur André Øvredal et le producteur Bradley J. Fisher. On retrouve aussi trois revuettes au menu. Dans la première, les membres de l’équipe parlent de leur volonté de faire quelque chose de différent, de leur version de Dracula, et de son évolution à travers le film. La seconde est un Making of de onze minutes abordant les coulisses du tournage à Berlin et sur l’île de Malte. La dernière se consacre à la reconstitution d’époque, aux effets spéciaux, ainsi qu’aux cascades.
Film d’horreur dont on connaît d’avance le dénouement, The Last Voyage of the Demeter propose une exécution classique, ce qui ne l’empêche pas d’être efficace. Même s’il ne réinvente pas la roue, il a au moins le mérite de présenter une facette différente, et peu exploitée, de l’histoire de Dracula.
6/10
The Last Voyage of the Demeter
Réalisation: André Øvredal
Scénario: Bragi F. Schut et Zak Olkewicz (d’après le roman de Bram Stoker)
Avec: Corey Hawkins, Aisling Franciosi, Liam Cunningham, David Dastmalchian, Chris Walley, Jon Jon Briones, Stefan Kapicic et Woody Norman
Durée: 118 minutes
Format : Combo Pack (Blu-ray et DVD)
Langue : Anglais, français et espagnol
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