Les amphibiens sont dans une situation délicate, et ont désespérément besoin de gestes pour assurer leur bonne santé, selon une nouvelle évaluation des populations mondiales de ces animaux.
Ce sont les salamandres qui vivent le déclin le plus marqué en termes de nombres absolus, mais les grenouilles, les crapauds et les têtards se trouvant dans la zone allant du sud de la Floride et des Caraïbes à l’Amérique du Sud suscitent d’importantes inquiétudes, selon Alessandro Catenazzi, biologiste à la Florida International University, et l’un des principaux chercheurs associés à cette étude.
Au total, l’équipe chargée des travaux a évalué le statut de 8011 espèces d’amphibiens surveillés par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN).
Leurs conclusions, publiées dans Nature, indiquent que près de 41 % des espèces d’amphibiens sont menacées d’extinction, ce qui en fait la catégorie de vertébrés la plus à risque sur la planète. Depuis 1980, au moins 37 espèces ont disparu, notamment en raison des maladies et de la destruction d’habitats.
Les chercheurs mettent par ailleurs en garde contre le fait que la crise climatique devient rapidement une menace majeure pour ces animaux, le phénomène étant jugé responsable de 39 % du déclin des populations depuis 2004.
« Les maladies qui font leur apparition à l’échelle mondiale menacent de plus en plus la biodiversité planétaire, et les amphibiens sont l’un des exemples les plus dramatiques de ces extinctions provoquées par ces maladies », a affirmé M. Catenazzi.
« Aucun autre groupe de vertébrés n’a été aussi négativement affecté par une seule maladie. Nous avons urgemment besoin de meilleures stratégies pour éviter les pandémies et mitiger les effets des maladies. »
Si les nouvelles sont mauvaises pour les amphibiens, les chercheurs offrent toutefois une lueur d’espoir dans le cadre de cette nouvelle évaluation. La mise en place de normes strictes visant la protection des habitats a entraîné des améliorations pour certaines espèces, indiquant du même coup que cela devrait représenter une priorité en matière de conservation, particulièrement dans les régions où l’agriculture, l’exploitation forestière, la cueillette des plantes et le développement des infrastructures sont très présents.
Un espoir pour la conservation
Cette évaluation mondiale des populations d’amphibiens est la deuxième du genre. La première a été effectuée en 2004, offrant du même coup des données sur lesquelles se baser pour mesurer le risque d’extinction. À travers le monde, on compte ainsi 8615 espèces d’amphibiens, dont 8011 sont inscrites sur la liste de l’UICN, qui regroupe des informations à propos du statut de conservation des animaux, des champignons et des plantes à travers le monde.
« L’évaluation mondiale est notre meilleur outil pour surveiller les changements du statut de conversation de la biodiversité des amphibiens, et pour offrir des informations vérifiées qui peuvent former la base d’actions de gestion et de conservation visant à éviter la disparition d’espèces », a encore mentionné M. Catenazzi.
Et si le nombre d’espèces d’amphibiens à risque de disparition est en augmentation, les chercheurs espèrent que cette nouvelle étude motivera les gouvernements et les agences de conservation à augmenter de façon substantielle leurs investissements et leur volonté politique afin de favoriser les efforts de protection des amphibiens de la planète.
Par ailleurs, M. Catenazzi dit s’inquiéter de l’impossibilité de tenir compte des espèces d’amphibiens qui n’ont toujours pas été découvertes. Plusieurs d’entre elles pourraient être très petites et vivre dans des endroits reculés qui ne sont pas immunisés contre la maladie et les effets de la crise climatique, dit-il.