Tout en rendant un hommage bien senti aux jeux de rôle de la vieille école comme Chrono Trigger ou Dragon Quest, le studio québécois Sabotage insuffle juste assez de modernité à son Sea of Stars pour que l’expérience demeure pertinente, et amusante, dans le paysage vidéoludique d’aujourd’hui.
Bien qu’elle soit très classique et s’axe autour de l’éternelle lutte entre le bien et le mal, l’histoire de Sea of Stars est assez captivante pour nous accrocher et nous donner envie de connaître son dénouement. Zale et Valère s’entraînent depuis leur tendre enfance à l’Académie du Zénith afin d’apprendre l’art du combat ainsi que celui de la magie, et devenir des Guerriers du Solstice. Après de longues années de préparation, l’heure est enfin venue pour les deux héros de quitter la sécurité de l’île d’Éterbrume sur laquelle ils ont grandi et d’affronter le tout dernier Hôte, dans l’espoir de mettre un terme à la menace que représente le Fleshmancer, un vilain cherchant à détruire l’humanité depuis déjà plusieurs siècles.
En commençant la partie, Sea of Stars nous demande de choisir lequel des deux personnages principaux prendra la tête du groupe entre Zale, un danseur de lame maniant l’épée et dont les pouvoirs magiques appartiennent à la famille de Solen, le Dieu solaire, et Valère, une moine munie d’un bâton et suivant la voie de Luana, la Déesse de la lune. Puisque l’on peut changer le leader de l’équipe en tout temps en cours de jeu et que l’on contrôle les deux Guerriers du Solstice dans le feu de l’action (ainsi que les autres héros se joignant à notre bande en cours de route), cette décision n’a pas énormément de conséquences, et constitue d’abord et avant tout une question de préférence personnelle.
À l’image des RPG auxquels il rend hommage, les combats dans Sea of Stars s’effectuent au tour à tour. Il y a tout de même un soupçon d’action dans cette approche stratégique. En effet, en appuyant sur le bouton A à l’instant exact où notre arme frappe l’ennemi, on peut asséner un second coup. Cette tactique est encore plus amusante lorsqu’on utilise le lunerang de Valère, puisqu’en faisant dévier son arme, celle-ci se déplace d’un adversaire à l’autre de plus en plus rapidement. Ce même bouton pressé au bon moment atténue aussi les dommages subis par les coups ennemis. Les attaques physiques rechargent nos points de mana, utilisés pour les sorts magiques. On a également accès à des combos, où les deux héros combinent leurs forces afin de livrer une attaque encore plus puissante.
L’arbre de compétences quand on monte de niveau est sommaire, mais on choisit tout de même d’améliorer la défense physique ou magique, la quantité de points de vie ou de mana, ainsi que les dommages causés par les attaques magiques ou physiques de chaque personnage. Même si on peut équiper différentes armes et armures, on ne récolte pas une tonne de butin dans le jeu. On retrouve cependant des reliques, que l’on peut activer ou non, et qui rendent l’expérience plus accessible pour ceux et celles ayant de la misère avec le niveau de difficulté. L’amulette de narration par exemple soigne les points de vie automatiquement après chaque combat. L’aura de gardien réduit les dégâts subis de 38%, et l’étincelle séquentielle affiche une étoile pour indiquer que notre parade à une attaque ennemie est parfaitement synchronisée.
En dehors des combats, Sea of Stars nous laisse contrôler le passage du temps et utiliser la lumière du soleil pour résoudre certains puzzles. Un anneau accorde le pouvoir de souffler des rafales de vent et déplacer certains objets dans l’environnement. Le grappin est utilisé pour accéder des endroits autrement inaccessibles. On récolte des tonnes d’ingrédients (baies, tomates, laitues, champignons, pommes de terre, poivrons, grains, etc.), qui se cuisinent lorsqu’on trouve un feu de camp. De nouvelles recettes deviennent peu à peu disponibles au fil du jeu, et l’on apprête des sandwiches à la viande ou à la tomate, des filets aux herbes, des poêlées de champignons ou des confitures de baies, qui régénèrent nos points de vie ou augmentent temporairement certaines de nos statistiques. Il y a même un mini-jeu pour s’adonner à la pêche dans les différents lacs que l’on croise.
Présenté dans une vue isométrique au-dessus de l’action, les graphiques de Sea of Stars nous replongent aux belles heures de l’époque 16-bit, mais grâce à une attention particulière aux détails, un système d’ombre et de lumière dynamique ainsi qu’une direction artistique particulièrement inspirée, on ne regrette jamais que le titre n’affiche pas des visuels en 3D aussi poussés que ceux des productions modernes. Cette esthétique rétro contribue d’ailleurs grandement au charme du jeu. Îles tropicales, temples anciens, paysages enneigés, les environnements sont très variés, tout comme les ennemis que l’on affronte. Il vaut aussi la peine de souligner la riche trame sonore, comptant plus de 200 pièces musicales.
Sea of Stars ne se contente pas d’être une lettre d’amour aux jeux de rôles de la vieille école, puisque les studios québécois Sabotage insufflent assez de personnalité à la formule pour livrer une expérience solide, qui sera même appréciée par ceux et celles n’ayant pas connu la grande époque des RPG en 16-bit.
8/10
Sea of Stars
Développeur et éditeur: Sabotage Studio
Plateformes: PlayStation 4, PlayStation 5, Switch, Windows, Xbox One, Xbox Series S/X (testé sur Xbox Series X)
Jeu disponible en français (textes à l’écran seulement)
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