Peu de temps avant l’attaque du 11 septembre 2001, les États-Unis décident de faire le ménage et cherchent à se débarrasser d’une agence de sécurité privée, Atropos, qui vient justement de mettre en garde contre une attaque imminente sur le sol américain. Du moins, voilà la prémisse de Septembre avant l’apocalypse, le roman d’action et d’espionnage de Lionel Noël.
Publié aux éditions Alire, l’ouvrage tente de peindre une fresque couvrant les quatre coins du globe: des Balkans à Washington, du Vieux Continent à Montréal, sans compter la Russie et plus loin encore, les services de renseignement, les politiciens et même des journalistes de tout acabit sont engagés dans une course contre la montre qui pour préserver leurs intérêts, qui pour faire le ménage, qui encore pour faire éclater la vérité au grand jour.
À l’instar de l’écrivain québécois bien connu Jean-Jacques Pelletier, Noël présente ici les faits jour après jour, avec un égrènement quasiment méthodique des heures, alors que la marche implacable du temps place toutes sortes de personnages face à leur destin.
Mais pour gérer tous ces personnages, toutes ces intrigues, il faut savoir se structurer. Et si l’auteur a certainement le sens du spectacle, tous ces artifices, tout cet aspect visuel du livre laissent bien peu de place à autre chose. De fait, à mesure que l’on avance dans l’intrigue, on se demande bien en fait quelle est l’intrigue en question, justement. Sommes-nous dans une enquête journalistique? Dans un drame d’espionnage? Dans une course contre la montre pour tenter de déjouer une attaque terroriste? Dans une redite de la Guerre des Balkans des années 1990?
Ainsi, les personnages, trop nombreux pour leur propre bien, nous font aisément perdre le fil, en compliquant également les choses lorsque vient le temps de s’y attacher. Ou, du moins, d’éprouver un minimum d’intérêt pour leurs péripéties.
Toujours dans le côté esbroufe, mais sans grande substance, l’auteur nous lance toutes sortes d’acronymes et autres informations techniques à la tête, ce qui vient alourdir le texte. Pire, les explications de ces dizaines de noms d’agences et autres organisations sont placées en fin de roman, plutôt qu’en bas de page, ou encore plutôt que d’être intégrées directement au texte.
On lèvera aussi les yeux au ciel en constatant que M. Noël tient absolument à parler de personnages et d’événements d’actualité, en 2023, notamment en évoquant abondamment Donald Trump, Jeffrey Epstein, ou encore Harvey Weinstein. Oui, ces trois hommes étaient évidemment vivants en 2001, mais puisqu’ils ne sont que des personnages accessoires, pourquoi en parler, tout simplement? Et pourquoi nous parler de cette organisation secrète dont l’acronyme est… COVID? Ajoutez à cela ces passages où l’on nous précise que des messages sont envoyés en mode « autodestruction », et on a un peu l’impression de lire le roman d’une personne qui tient absolument à tout intégrer.
Le succès d’un bon roman d’espionnage dépend très, très largement de son atmosphère. Ici, Septembre avant l’apocalypse a tout de la forme, mais pas assez du fond. Son atmosphère est ainsi limitée à un charabia technique inintéressant et une absence de substance.