Deux ans après la quatrième et dernière saison de la série originale de Castlevania, voilà que Netflix remet le couvert avec une déclinaison se déroulant au temps de la Révolution française, avec Nocturne, une première saison en huit épisodes mêlant ferveur révolutionnaire, religion et goût prononcé pour l’hémoglobine.
Trois siècles après les événements impliquant le chasseur de vampires Trevor Belmont, la magicienne Sypha et Dracula, dans l’est et le centre de l’Europe, nous voilà donc transportés en France, à la fin du 18e siècle, alors que le régime royal, basé sur l’oppression des classes paysannes, est sur le point de s’effondrer.
Richter, seul héritier du célèbre clan Belmont, chasse les vampires dans la campagne de l’Hexagone, souvent en compagnie de Maria, une jeune sorcière dont il est un peu devenu le frère adoptif, après avoir vu sa propre mère mourir entre les mains d’un puissant vampire, 10 ans plus tôt, aux États-Unis.
Et en France, justement, face à l’avancée des révolutionnaires, les vampires, très près du pouvoir, quand ils ne sont pas eux-mêmes des nobles assoiffés de richesses et, eh bien, de sang, vont tout tenter pour stopper la chute de la monarchie. Y compris provoquer la fin du monde, rien de moins.
En partie adaptée des jeux Rondo of Blood et Symphony of the Night, Castlevania: Nocturne reprend évidemment les codes du genre et de la série: on aura ainsi droit à moult combats contre des créatures de la nuit, des monstres, et évidemment des vampires. Le tout dans le style rapide, efficace et parfois jouissivement violent auquel les gens de chez Netflix (et le créateur Clive Bradley) nous ont habitués.
Mais on ajoute ici une bonne dose de politique et de considérations sociales. Non seulement en faisant se dérouler le tout au moment où la monarchie française vacille – avec une équivalence assez évidente entre la soif de pouvoir et de richesses, et cette envie de traiter les paysans comme du bétail –, mais aussi en ajoutant un personnage noir, Annette (doublée par Thuso Mdebu), qui est originaire d’Haïti, et qui a longtemps subi l’esclavage d’un noble français.
Ce même personnage propose une relecture rafraîchissante des rapports de pouvoir entre dominants et dominés, en plus d’offrir une perspective différente des influences magiques, avec un recours aux croyances propres à son peuple.
Bien sûr, nous ne sommes pas dans une série principalement consacrée aux dynamiques socio-politiques de la France et de ses colonies, à la fin du 18e siècle. Mais entre deux combats contre les forces du Mal, cela fait du bien d’avoir quelque chose de différent à… se mettre sous la dent.
Avec huit épisodes fort divertissants et une qualité d’animation toujours à la hauteur des attentes, cette première saison de Castlevania: Nocturne prépare très bien le terrain pour une suite qui devrait s’avérer être franchement haute en couleurs.