Dans une communauté où tout semble (relativement) bien aller, un terrible secret mène à la mort d’une agente d’immeubles et à une longue enquête qui fera se multiplier les cadavres. Bienvenue dans Reptile.
Premier long-métrage de Grant Singer, spécialisé dans le vidéoclip, Reptile s’appuie sur une vedette dont le nom est généralement synonyme de regards lourds de sens: Benicio del Toro. Celui que l’on a notamment vu dans Sicario cosigne aussi le script, en compagnie du réalisateur et de Benjamin Brewer.
Del Toro y joue Tom Nichols, le détective chargé de l’affaire. En compagnie de son collègue Dan Cleary (Ato Essandoh), Nichols remonte lentement la piste, cherche des suspects, examine les preuves: est-ce le petit ami, joué par un Justin Timberlake stressé et en apparence rongé par le doute et le remord? Est-ce l’ancienne fréquentation, chez qui l’on finira par trouver de la drogue, et qui tombera sous les balles de Nichols, justement?
À mesure que les minutes s’égrènent et que le film progresse, l’oeuvre semble gagner en complexité; ce n’est plus, semble-t-il, un « simple » meurtre que l’on tente d’élucider, mais quelque chose qui commence à ressembler à une vaste toile dans laquelle notre personnage principal court le risque de s’engluer. Surtout que des personnages étranges semblent avoir bien des choses à dire sur d’autres individus, tout aussi suspects…
Tout cela est bien assez rondement, avec divers rebondissements et autres surprises scénaristiques. Et Del Toro joue très bien le rôle dans lequel le public est habitué de le voir: celui d’un homme discret, ténébreux, aux paupières tombantes qui cachent un cerveau capable de réfléchir rapidement, ou d’agir sur un coup de tête, le cas échéant.
Le problème, c’est qu’après 90, voire 100 minutes, on a l’impression que les scénaristes de Reptile ne savaient pas où s’en aller, et qu’ils ont simplement décidé de… mettre fin au film. Non pas que l’écran devienne soudainement noir, sans explication, bien sûr, mais la conclusion de l’oeuvre donne non seulement l’impression de se dérouler à toute vitesse, mais elle laisse aussi de côté au moins un aspect fondamental de l’intrigue.
Reptile est donc un drame qui tient bien la route pendant les deux tiers de l’oeuvre, avant de s’essouffler et de se terminer sur un pétard mouillé. Dans le contexte, qualifier le tout de « David Fincher léger » semble approprié. N’est pas Seven qui veut, après tout.