C’est mercredi dernier qu’avait lieu le concert d’ouverture de la saison 2023-2024 de la Salle Bourgie du Musée des Beaux-Arts de Montréal.
Devant une salle pratiquement comble que le nouveau duo de direction de la Salle, Caroline Louis à la direction générale et Olivier Godin à la direction artistique, a lancé la saison et a présenté au public le programme de la soirée :
Joseph Haydn (1732-1809)
Quatuor à cordes en sol mineur, op. 74 no3, Hob.III :74 « Le Cavalier » (1793)
Florence Price (1887-1953)
Quatuor à cordes no 1 en sol majeur (1929)
Dimitri Chostakovitch (1906-1975)
Quatuor à cordes no 9 en mi bémol majeur, op. 117 (1964).
Déjà prometteur par son contenu, le programme l’est devenu davantage du fait de ceux à qui on avait confié son interprétation. En effet, c’est aux membres du Quatuor Dover, qui cumulent depuis 15 ans les prix, les nominations et les résidences, qu’est revenu la tâche (et le plaisir ?) de faire ressortir toutes la richesse du Haydn, les subtilités du Price et les opposés sombres ou lumineux du Chostakovitch.
Le Quatuor Dover, c’est Joel Link, violon; Bryan Lee, violon; Julianne Lee, alto et Camden Shaw, violoncelle. Mais le Quatuor Dover, c’est surtout un résultat plus grand que la somme des individus qui le composent. Il n’est pas fréquent de pouvoir assister à une prestation aussi bien synchronisée, pas seulement dans le respect du rythme et dans l’équilibre de la place faite à chacun et chacune, mais aussi dans l’esprit de chacune des œuvres. Pour tenter une image, je parlerais d’une « personne-orchestre », un seul être qui ressent, qui s’approprie et qui exprime la quintessence de chacune des œuvres. Il n’est d’ailleurs pas si simple, dans un même concert, d’interpréter avec autant de pertinence des œuvres de Haydn et de Chostakovitch.
Si les interprètes ont pu paraître un peu froids, un peu détachés, c’est sans doute que tous leurs efforts, toute leur concentration étaient occupés à s’approcher de la perfection. Et puis quoi? Pas besoin de sourire lorsqu’on joue si bien.
Ce qu’on a pu retenir, plus précisément, de chacune des œuvres ? : la brillance dans le Haydn, le lyrisme empreint d’américanité dans le Price et la fougue désespérée dans le Chostakovitch.
La saison 2023-2024 de la Salle Bourgie est lancée d’une manière remarquable, avec un niveau de qualité qu’il sera difficile de surpasser.