Se disant confrontées à des inégalités flagrantes dans le milieu du jeu vidéo, que ce soit dans l’industrie elle-même, ou du côté des esports, ces jeux compétitifs, les membres de l’organisation Women in Games ont lancé, la semaine dernière, un manifeste appelant à corriger urgemment le tir.
Dans une annonce transmise par voie de communiqué, une porte-parole du regroupement stipule que le temps est venu de « travailler de concert pour démanteler la discrimination et favoriser l’inclusivité ».
« La moitié de la population mondiale est composée de femmes, 50 % des joueurs de jeux vidéo sont des joueuses, mais l’industrie ne compte encore que 23 % de femmes seulement », a ainsi écrit la présidente de l’organisation basée au Royaume-Uni, Marie-Claire Isaaman.
« Les femmes faisant partie de l’industrie ont moins de chances de travailler au développement de jeux et dans le domaine de la programmation, et ont aussi moins de chances d’occuper des postes haut placés. Et seulement une poignée de studios sont dirigés par des femmes », ajoute-t-elle.
« Il s’agit de défis important pour le secteur des jeux vidéo, alors que l’on recense aussi des comportements toxiques contre les femmes, ainsi qu’à l’encontre de celles qui jouent en ligne, en plus de cas de harcèlement sexuel lors des grands événements corporatifs et de discrimination en milieu de travail. »
L’industrie des jeux vidéo continue effectivement d’être régulièrement ébranlée par des allégations et des accusations de comportements toxiques, de discrimination envers les femmes, voire carrément de harcèlement, ou encore d’agressions sexuelles. Au fil des années, un grand nombre de géants de l’industrie ont procédé à des purges de leurs employés, allant parfois jusqu’à congédier de grands responsables, à la suite de situations inacceptables révélées au grand jour.
Une récente recension de l’industrie vidéoludique au Québec, par exemple, révélait que non seulement l’industrie est encore très largement masculine, mais qu’elle est aussi très fortement hétérosexuelle. En l’absence de diversité, il est donc possible que des comportements toxiques puissent être encore acceptés. Parallèlement à cette situation, cette même absence de diversité pourrait décourager des femmes, par exemple, de s’engager dans l’industrie, puisqu’elles y seraient confrontées à des équipes très largement masculines.
Du côté de chez Women in Games, on soutient que « 72 % des joueuses subissent des comportements toxiques, en ligne, ce qui mène éventuellement à des agressions verbales, et même des menaces de viol ».
« Les femmes et les filles sont affectées négativement par ces gestes et ces environnements délétères. Et, avec la couverture médiatique négative qui s’ensuit, cela affecte leur bien-être mental et décourage les filles et les femmes de s’engager dans le domaine des jeux vidéo », mentionne encore Mme Isaaman.
Dans la foulée de la publication de leur manifeste, qui s’étale sur 14 points, pour faire écho au manifeste des suffragettes, avant que les femmes n’obtiennent le droit de vote, Women in Games évoque plusieurs sondages, notamment un coup de sonde réalisé en 2022 par la firme Bryter, qui avant qu’une femme sur quatre affirme hésiter à s’identifier comme une « véritable joueuse », et qu’à peine 38 % des femmes interrogées estiment que des processus adéquats sont en place, au sein de l’industrie, pour s’attaquer à la toxicité.
« L’ensemble de notre travail est accompli pour entraîner de véritables changements, à la fois dans le discours public à propos de l’équité pour les femmes, et dans la réalité vécue par les femmes dans l’industrie du jeu et dans le secteurs des esports« , a encore déclaré la présidente de Women in Games, Marie-Claire Isaaman.