Le blogueur qui, dès 2001, avait descendu en flammes un pseudo-documentaire qui prétendait « prouver » que les astronautes n’avaient pas marché sur la Lune, voit deux décennies plus tard cette « théorie du complot » comme un avant-goût des « dangereuses » croyances antiscience et antivaccins d’aujourd’hui.
L’émission de télé assumait d’elle-même son statut de théorie du complot: Conspiracy Theory: Did We Land on the Moon? Et si ce n’était pas le premier document du genre à défendre cette théorie, ce qui lui avait donné une énorme visibilité, en 2001, avait été sa diffusion sur la chaîne FoxTV. Le blogueur en question, un astronome et vulgarisateur nommé Phil Plait, connu sous le surnom Bad Astronomer, avait lui-même écrit cette année-là un livre dont un chapitre était consacré aux gens qui croyaient que les missions lunaires de 1969 à 1972 avaient été filmées dans un studio de cinéma. Mais sa critique de cette émission lui vaudrait une énorme visibilité: « il n’est pas exagéré de dire que ça a aidé à lancer ma carrière de communicateur scientifique et de déboulonneur d’antiscience. Je me suis mis à donner des conférences, sur la base des affirmations ridicules de cette émission ».
Aujourd’hui, écrit-il, cette théorie est devenue marginale. Considérant toutes celles qui circulent sur la santé, le climat ou la politique, « les gens sont passés à autre chose ».
Mais c’est là un problème, poursuit-il: « même à cette époque, je prenais la peine de souligner que cette sorte de pensée antiscience était dangereuse. Qu’arriverait-il si un politicien choisissait d’adhérer à ces stupidités et de gaspiller beaucoup de l’argent des contribuables pour demander à la NASA d’enquêter là-dessus? »
Ça ne s’est pas produit avec cette théorie. Mais ça s’est produit avec les opposants aux vaccins, avec ceux qui nient le réchauffement climatique et, aux États-Unis, avec les créationnistes qui nient la théorie de l’évolution: chaque fois, toutes sortes « d’influenceurs », et ensuite des politiciens, ont saisi ce qu’ils ont perçu comme une opportunité et ont amplifié des messages antiscience. En utilisant exactement les mêmes recettes que le pseudo-documentaire de 2001: « la même sorte de mauvaise logique et de rétention des preuves ».
La pensée conspirationniste inverse le processus scientifique: elle décide d’abord de la conclusion, et ensuite, cherche des arguments pour la soutenir, tout en ignorant ou en attaquant toutes les preuves qui lui sont présentées.
-Phil Plait
Ce qui reste de ce documentaire, du moins chez Phil Plait, c’est aujourd’hui une vieille cassette VHS. Lorsqu’il l’a récemment redécouverte au fond d’une boîte, il a d’abord pensé la jeter, puis s’est ravisé: « c’est un symbole de ce que nous devons continuer de combattre, et de pourquoi. Un rappel qu’une simple particule virale a beau être petite, l’infection peut quand même être toxique ».