À cause des records de température cette année, les cas de dengue, une maladie infectieuse qui frappe surtout dans les pays tropicaux, pourraient eux aussi battre un record cette année, prévenait en juillet l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
Mais la question que cela pose est: pourquoi cette maladie génère-t-elle si peu d’attention, alors qu’elle est en croissance depuis près d’un demi-siècle?
Une partie de la réponse pourrait être que c’est précisément parce qu’elle semble limitée aux pays tropicaux qu’elle suscite moins d’intérêt dans les pays du nord. Mais la dengue a aussi contre elle de ne pas être facile à combattre: il existe quatre types (ou sérotypes) du virus, représentés dans des proportions qui fluctuent d’un pays à l’autre, et les différentes façons dont réagissent nos systèmes immunitaires ont compliqué le développement d’un éventuel vaccin. On peut, par exemple, avoir été infecté par un sérotype mais ne pas être immunisé à un autre. Il existe bel et bien un vaccin, mais dont on ignore l’efficacité contre deux des quatre sérotypes.
La majorité des cas sont bénins et ne provoquent pas de symptômes, avec pour résultat que les statistiques sous-estiment l’incidence de l’infection. Mais on note que les cas signalés à l’OMS ont grimpé en flèche: ils sont passés d’un demi-million en 2000 à un record de 5,2 millions en 2019. Et en date du 23 août de cette année, selon le Centre européen de prévention des maladies, on dépassait déjà les 3,7 millions de cas, d’où la possibilité d’un record.
Plus de la moitié des cas cette année ont été rapportés en Amérique du Sud, en particulier au Brésil (plus de 2 millions de cas), en Bolivie, au Pérou et en Argentine.
Si l’urbanisation et l’essor des voyages ont facilité sa dissémination à partir des années 1950 et 1960, des températures plus élevées sont aujourd’hui un facteur-clef, notait l’OMS en juillet. Un climat plus chaud et plus humide est non seulement bénéfique pour le cycle de vie des moustiques, mais en plus, ceux-ci voient leur habitat s’étendre.
Les cas les plus sévères de la maladie se traduisent par de fortes fièvres, qui peuvent être suivies par des douleurs abdominales, des saignements et une fatigue extrême. Les décès sont relativement rares: en date du 23 août, on en comptait 2000. Mais les symptômes des cas graves, comme la fatigue extrême, peuvent persister pendant des semaines.
Même le Centre européen de prévention des maladies n’écartait pas le risque, en juillet dernier, que la maladie ne fasse un jour son entrée sur ce continent. Sa directrice, Andrea Ammon, lançait cet avertissement alors même que l’OMS déclarait au milieu de l’été que la propagation de la maladie représentait alors un risque de « niveau pandémique », avec des éclosions rapportées en 2023 non seulement en Amérique du Sud, mais aussi en Asie et en Afrique.
Ce qui est peut-être l’impulsion qui manquait pour accélérer les recherches en vue d’un traitement…