La science est plus importante que jamais pour contribuer à atteindre les Objectifs de développement durable fixés par les Nations unies en 2015. Mais la participation de la communauté scientifique laisse grandement à désirer, reproche un éditorial publié dans la dernière édition de la revue Science.
Rédigé à l’occasion de l’ouverture de la 78e session de l’Assemblée générale des Nations unies, qui a lieu à New York cette semaine, ce texte en appelle à une concertation accrue des différents acteurs.
Parmi les 17 Objectifs de développement durable, on retrouve des thèmes qui sont interreliés: l’éradication de la famine et celle de la pauvreté; une éducation de qualité pour tous et l’égalité entre les sexes; la lutte contre les changements climatiques, la lutte pour la protection de la vie marine et pour la vie terrestre. Pour l’ensemble de ces objectifs, 169 cibles ont été fixées pour 2030.
Certaines de ces cibles peuvent d’ores et déjà bénéficier de l’aide d’organismes scientifiques dédiés, comme le GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) ou la Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité. Mais comme le reprochent dans l’éditorial Csaba Körösi et Johannes Cullmann — respectivement président de la 77e session et son conseiller scientifique — « les données et les informations sont rarement en temps réel, ce qui veut dire que le soutien apporté par la science n’est souvent pas à jour et moins pertinent… Les données reflètent souvent des évaluations ponctuelles, plutôt que des suivis en continu et des analyses de tendances dans le temps. »
Parallèlement à l’assemblée générale, un « sommet scientifique », dont c’est la 9e édition, a lieu en septembre. On mentionne aussi trois initiatives parallèles, dont un conseil consultatif scientifique pour le Secrétaire général des Nations unies, créé cet été. Le Québécois Yoshua Bengio, spécialiste de l’intelligence artificielle, en fait partie.
Mais pour une réelle transformation, écrivent les deux auteurs — et pour que les pays se donnent les outils nécessaires — il faudra aller plus loin, parce que l’atteinte des cibles de 2030 augure mal pour l’instant. « Au centre des discussions des assemblées générales dans les années à venir, sera la façon dont les nations pourront assurer l’accès à la nourriture et l’eau pour tous, augmenter la séquestration du carbone dans les écosystèmes » ou encore « restaurer et protéger le cycle de l’eau pour améliorer la santé des humains et des écosystèmes, atténuer les changements climatiques et s’y adapter, et rendre nos économies plus résistantes aux chocs ». Le déficit de confiance entre les grandes puissances, la guerre en Ukraine et l’insécurité en général « minent la coopération internationale et ralentissent les progrès ».