En des temps ancestraux, bien avant la colonisation, le continent africain s’érigeait selon sa monarchie, fusionnant un vaste territoire jadis connu sous l’appellation d’Empire du Mandé. Le Mali et le Sénégal, dans leur territorialité actuelle, s’y inscrivaient. Ce Royaume était dicté par une politique interne de lois et préceptes, le divertissement et les messages portés par un seul être : le griot. Messager et raconteur d’histoires, cet artiste chante et joue d’un instrument à 21 cordes, la kora. Huit siècles plus tard, ce legs musical résiste au temps et épouse les formes de la modernité, ici à Montréal, autour d’une fratrie. Le Sénégalais Zal Sissokho est l’un d’eux et il délivre, à travers un sixième album, La Source, sur label Disques Nuits d’Afrique, l’intemporalité de son art et un message universel.
Messager africain en intégration
Lorsqu’il arrive au Québec en 1999, le koriste auteur-compositeur-interprète n’a que 23 ans. Originaire de la petite ville de Kolda de Casamance, au Sénégal austral, il est l’unique griot de sa famille comptant sept frères et sœurs. L’artiste débarque à Montréal, accueilli par les frères Diouf qui marquent alors le paysage musical québécois. Membres de la formation Les Colocs, leur chant wolof s’élève en refrain sur la chanson Tassez-vous de d’là ainsi que leurs percussions sur l’album Dehors Novembre sorti en 1998.
Élage Diouf devient son complice et ensemble, ils s’adonnent au cycle des tournées. C’est progressivement que le griot prend sa place, adaptant son art d’Afrique à la dimension québécoise, exprimant des louanges pour ceux et celles qu’ils désignent comme
« les Justes ». La base de sa musique et de l’écriture de ses chants : ses rapports humains. « Je garde 50 % de ma culture africaine ,car l’autre 50 % est pour l’intégration… », s’identifie sans détour Zal Sissokho, griot occidental.
Pacifiste kora internationale
En plus de 20 ans à Montréal, l’artiste témoigne de l’évolution de l’engouement pour la kora. Les adeptes de l’art mandingue vouent une forme de fascination pour l’instrument unique en soi, légendaire et mystique. Parmi tous les instruments à cordes, la kora fait succomber les foules, et est en forte demande sur le globe. L’un des instruments les plus demandés, soutient Zal, pour sa sonorité douce et cristalline. « Sa fascination découle de son infinie découverte voire même de son impact thérapeutique. La kora a le pouvoir de rendre le cœur léger, d’éliminer le stress et de favoriser le sommeil. En sa compagnie, on oublie même les factures ! », lance à la rigolade l’artiste.
L’union des griots de la diaspora
Dans sa quête tradi-moderne, le griot Sissokho véhicule un message fort pour la cohésion : nous sommes tous pareils, des êtres humains. Glanant son inspiration au Sénégal comme au Québec, il mélange tout ce qui lui passe à travers le regard et les sens. Un exercice d’observation exigeant et constant qu’il transpose sur son nouvel album La Source, disponible le 8 septembre. Jamais loin du Sénégal, il s’y rend deux fois l’an pour baigner dans cette culture originelle. Là-bas, on le reconnaît comme le Canadien malgré sa couleur de peau, preuve de son intégration. Toute déconnexion avec l’Afrique lui serait pénible, impossible.
Pour garder ce lien vivant à plus 7000 kilomètres de la métropole, il a tendu les mains à ses camarades griots de la métropole : Djely Tapa et Diely Mori Tounkara. Et trouvé en Élage Diouf son coréalisateur d’album tout désigné. Des artistes incontournables qui prêtent voix et instrumentation sur des pièces telles que Djeliya (Nous les griots). « On y chante notre rôle de griots pour la paix, la résolution des conflits. Djely est très engagée envers les femmes et elle apporte son soutien à leur protection », évoque l’admirateur de son talent vocal sur deux pièces de La Source.
Le koriste malien Diely Mori Tounkara partage aussi son don sur la pièce éponyme de cet album plus immersif. Et à tout seigneur, tout honneur pour Élage Diouf qui chante sur Kela cette formule de sagesse : Ce qui doit arriver, arrivera. On a tendance à vouloir que tout aille bien, mais nul n’a le contrôle en réalité…
Artiste : Zal Sissokho & Buntalo
Album : La Source
Label : Disques Nuits d’Afrique
Distribution numérique : Believe
Date de sortie officielle : vendredi 8 septembre
Lancement de l’album La Source samedi le 9 septembre au Club Balattou