Serait-il possible d’éradiquer un jour des tumeurs au moyen de cellules du système immunitaire qui auraient été génétiquement modifiées? C’est la piste qu’explorent sur des souris des chercheurs pour qui le potentiel anticancer de notre système immunitaire aurait été sous-estimé.
Il est établi qu’il existe un certain potentiel anticancer, mais encore reste-t-il à déterminer jusqu’à quel point. Déjà, depuis 2015, des lymphocytes T (les cellules qui sont au coeur de notre réaction immunitaire à un « intrus ») qui ont été génétiquement modifiés (appelées cellules CAR-T) pour reconnaître des cellules cancéreuses ont démontré leur capacité à attaquer ces dernières dans le sang. Des traitements utilisant ces cellules pour combattre la leucémie, ou cancer du sang, ont d’ores et déjà été approuvés, notamment au Canada.
Le problème est que ces cellules CAR-T semblent atteindre leurs limites lorsque les tumeurs grossissent pour devenir une masse solide. C’est ce à quoi se sont attaqués, sur des souris, des chercheurs de l’Université Northeastern, à Boston, et de la firme Beam Therapeutics. Ils ont pré-publié en août leurs résultats (ce qui veut dire qu’ils n’ont pas encore été révisés par des pairs) sur le serveur de pré-publication BioRxiv.
Ce qui a relancé l’intérêt, c’est CRISPR, la technologie qui permet de modifier des gènes avec une précision beaucoup plus grande qu’il y a 10 ans. Plus la modification est ciblée et moins il y a de risques de mutations accidentelles. Dans leur expérience sur des souris, les chercheurs de Boston ont fait un total de six modifications, dont trois destinées à pousser les cellules CAR-T humaines à attaquer une masse cancéreuse d’origine humaine implantée chez ces souris. Chez les huit souris ainsi traitées, les tumeurs sont disparues.
Comme toujours, il faut se rappeler qu’un traitement efficace sur des souris ne le sera pas nécessairement chez les humains. Mais l’expérience s’inscrit dans une liste d’expériences de plus en plus longue suscitée par CRISPR et cette capacité à cibler de plus en plus en profondeur à l’intérieur des gènes.