Tragiques, révélatrices, porteuses d’espoir, bouleversantes : les photos emblématiques de la dernière année tapissent à nouveau les murs du Marché Bonsecours à l’occasion de la 16e édition du World Press Photo en sol montréalais.
Présentée du 30 août au 15 octobre 2023 dans une salle nouvellement revampée, la mouture 2023 du World Press Photo donne le coup d’envoi à la rentrée culturelle automnale. Considéré comme le plus prestigieux concours international de photojournalisme, l’événement très attendu s’est ouvert le mardi 29 août lors d’une soirée inaugurale réunissant quelques invités d’honneur.
L’année 2022 en photos
Au total, plus de 60 000 clichés pris par 3752 photographes en provenance de 127 pays ont été soumis au concours. L’exposition recense les photos de 24 lauréats, auxquels s’ajoutent six mentions honorables. Et pour la toute première fois, le jury a décerné des mentions d’honneur par régions. Les photos gagnantes sont réparties en quatre catégories : Images seules, Séries, Projets à long terme et Libre format.
À travers les histoires racontées par ces reportages visuels, l’exposition évoque une année 2022 marquée par des conflits, avec la guerre en Ukraine au premier plan. Evgeniy Maloletka a d’ailleurs remporté le prix World Press Photo 2023 avec son poignant témoignage intitulé « Frappe aérienne sur la maternité d’un hôpital de Marioupol ».
Le funeste cliché réalisé en mars 2022 à Marioupol en Ukraine illustre la tragédie vécue par les Ukrainiens depuis plus d’un an. Au centre de l’image exhibant un hôpital bombardé, une femme enceinte est transportée sur une civière par des secouristes. Peu de temps après avoir donné naissance à un petit corps inanimé qu’elle a baptisé Miron (signifiant « paix »), la mère de 32 ans prénommée Iryna Kalinina a succombé à ses blessures.
Le jury a également couronné Mads Nissen dans la catégorie Série de l’année. Les photos regroupées sous le titre « Le prix de la paix en Afghanistan » dépeignent la réalité d’un pays contraint de vivre sous le joug des talibans qui ont repris le pouvoir en 2021.
Le prix du Projet à long terme revient à Anush Babajanyan qui s’est attardé aux conséquences de la crise climatique et aux déséquilibres survenus après la chute de l’URSS sur la gestion de l’eau en Asie centrale.
Lauréat du prix Format libre, Mohamed Mahdy s’est intéressé à la communauté de pêcheurs d’Al Max à Alexandrie en Égypte, aux prises avec des bouleversements économiques, environnementaux et personnels
Expositions en parallèle
Cette année, la comédienne Magalie Lépine-Blondeau a été nommée porte-parole de l’événement et a eu carte blanche pour une exposition connexe dans laquelle elle présente une série intitulée « Ailleurs ». Rassemblant des images et des textes, « Ailleurs » incarne les rencontres qu’elle a faites sur cinq continents.
La littératie est au cœur de l’exposition « Lire entre les lignes » de Justine Latour. La photographe qui proposait également une série de clichés l’an dernier a croqué les portraits des 11 lauréats des bourses Retour Réussite remises par la Fondation pour l’Alphabétisation et la Fondation Desjardins. Elle conjugue une fois de plus sa fascination pour les gens et pour la photographie en noir et blanc dans cette primeur mettant en lumière le vécu de ces 11 personnes.
Présent durant la soirée inaugurale, le photographe Jonathan Fontaine s’est entretenu sur son travail qui a été honoré par le jury du World Press Photo pour sa série « L’ultime voyage du nomade ». Elle porte sur les enjeux climatiques qui contraignent les peuplades nomades de la Corne de l’Afrique à se sédentariser.
Une nouveauté cette année : les visiteurs pourront également découvrir les photos finalistes du prix Antoine-Desilets de la Fédération professionnelle des journalistes du Québec. Par ailleurs, « Au cœur des abysses », une sélection d’images issues de la faune sous-marine, propose une incursion colorée dans cet univers méconnu.
À ces expositions s’ajoutent « Décrypteurs : les dessous de la désinformation » qui nous éclaire sur la mission d’Alexis De Lancer, Marie-Pier Elie, Jeff Yates et Nicholas De Rosa de Radio-Canada, ainsi que « Capter l’instant », qui regroupe des portraits du quotidien illustrant les histoires captées en images par les photojournalistes de La Presse.
Un événement prolongé
Cette année, le public bénéficiera de deux semaines supplémentaires pour explorer tout le contenu de l’événement. Et puisque l’exposition coïncide dorénavant avec le début de l’année scolaire, les classes seront aussi invitées à découvrir le travail indispensable des photojournalistes.
Encore cette année, l’exposition nous ouvre les yeux sur différents enjeux planétaires. Impossible de demeurer de glace devant toutes ces histoires à la fois si lointaines et si rapprochées.
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World Press Photo Montréal
Marché Bonsecours
325, rue de la Commune Est, Vieux-Montréal
Du 30 août au 15 octobre 2023