Laissera-t-on un jour Harrison Ford faire autre chose que reprendre les trois grands rôles de sa carrière, soit Deckard dans Blade Runner, Han Solo dans Star Wars et Indiana Jones dans la série qui porte son nom? Dans Indiana Jones And The Dial of Destiny, le cinquième (!) volet de la saga, on en vient franchement à se demander si l’acteur n’a pas besoin de payer l’épicerie… malgré quelques bons moments.
Réalisé (et coécrit) par James Mangold, qui sait habituellement se débrouiller derrière une caméra, ce nouvel épisode des aventures du plus célèbre des archéologues est possiblement, aussi, son plus brouillon. On y retrouve, pêle-mêle, la notion de l’âge avancé du protagoniste, la révolution technologique de la course à l’espace, la révolution sexuelle de la fin des sixties, la contestation sociale sur fond de guerre au Vietnam… Et, à travers tout ça, d’anciens nazis qui n’ont toujours pas compris que la guerre est perdue depuis une vingtaine d’années. Sans oublier une dose de magie, comme il est coutume.
Voilà donc Indiana Jones embarqué dans une nouvelle course pour retrouver la deuxième partie d’un artefact qui aurait été construit par Archimède lui-même, durant l’Antiquité. Sur ses traces se lance donc un ancien responsable nazi, reconverti en scientifique responsable du programme Apollo (bonjour la référence à Werner von Braun).
Avec lui, Ford hérite de sa filleule, puisque le personnage de son fils, autrefois joué par Shia Labeouf, est déjà mort avant même que le film ne commence. Qu’à cela ne tienne, la filleule en question (jouée par Phoebe Waller-Bridge), est passionnée d’archéologie; l’honneur est sauf.
Le problème, c’est que même avant de parler du rajeunissement numérique d’Harrison Ford pour la scène d’ouverture, largement superflue, qui se déroule en 1944, il faut dire les choses comme elles sont: ce nouveau film est un ramassis de ce qui fonctionnait dans les titres précédents, en ramenant des acteurs aujourd’hui évidemment rendus dans le troisième âge, qui semblent tous se mouvoir douloureusement. Ford semblait déjà vieux et fatigué lors du quatrième Indiana Jones; en 2023, on se dit qu’il avait déjà mérité de jouir de ses vieilles années, et qu’on aurait pu le laisser tranquille.
Mangold sauve partiellement les meubles, notamment avec une réflexion sur l’âge, justement, du reste, on souffre devant cette orgie d’effets spéciaux excessifs, de vieux clichés (encore des nazis?), et d’objectifs imprécis. Sans oublier la dernière partie du film, où l’on tombe carrément dans la science-fiction… et cela, même après avoir enduré les extraterrestres de Kingdom of the Crystal Skull.
Indiana Jones And The Dial of Destiny est un film complètement oubliable, une tache de plus dans une série qui n’aura sérieusement dû compter que trois épisodes. Pourquoi James Mangold a-t-il accepté un tel projet, à l’odeur corporative écoeurante et à l’absence totale d’âme?