Depuis l’éclatement de la guerre civile opposant forces gouvernementales et paramilitaires, le 15 avril, le Soudan voit sa situation humanitaire se dégrader à grande vitesse, avertit l’ONU. Selon un haut responsable de l’organisation internationale, ce pays d’Afrique pourrait d’ailleurs donner naissance à une « catastrophe régionale ».
Dans une déclaration transmise vendredi par voie de communiqué, le secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et coordinateur des secours d’urgence, Martin Griffiths, a fait savoir que ce conflit au Soudan « alimente une urgence humanitaire aux proportions épiques » mêlant faim, exil et risques pour la santé publique, sans compter les blessés et les morts provoqués par les affrontements violents.
« Ce conflit qui s’étend – ainsi que la faim, les maladies et les déplacements de population qu’il entraîne – menace désormais d’emporter tout le pays », a-t-il ajouté.
Ainsi, aux yeux de M. Griffiths, cette guerre a le potentiel de s’étendre ailleurs dans la région, une zone de l’Afrique déjà fortement éprouvée par les conflits, mais aussi par la faim et la sécheresse.
« Un conflit viral et prolongé au Soudan pourrait faire basculer toute la région dans une catastrophe humanitaire », a-t-il dit dans ce même communiqué. Et plus les combats se prolongent, plus leur impact est dévastateur, juge encore le responsable onusien.
De son côté, le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU révèle que des centaines de milliers d’enfants saoudiens souffrent déjà de malnutrition sévère « et courent un risque imminent de mort » s’ils n’ont pas accès à des soins médicaux. Par ailleurs, il ne serait plus possible d’accéder à de la nourriture dans certaines régions du pays, précise-t-on.
Cette situation d’absence de denrées a d’ailleurs été constatée à Kadugli, capitale du Kordofan méridional (sud du pays), où les combats se sont étendus. Ceux-ci empêchent d’ailleurs les travailleurs humanitaires de se rendre jusqu’aux personnes touchées par la faim, indique le communiqué publié sur le site web de l’ONU.
Et dans le Kordofan occidental, les bureaux des services humanitaires ont fait l’objet de pillages. « Je suis également très inquiet pour la sécurité des civils dans l’État d’Al Jazira (au sud de la capitale, Kartoum, NDLR), alors que le conflit se rapproche du grenier à blé du Soudan », a détaillé le chef humanitaire de l’ONU.
Réapparition de risques pour la santé
Dans la foulée des combats et des dangers humanitaires, les maladies se répandent et peuvent entraîner la mort de civils, particulièrement les personnes qui sont déjà affaiblies par la malnutrition. « « Je suis également très inquiet pour la sécurité des civils dans l’État d’Al Jazira, alors que le conflit se rapproche du grenier à blé du Soudan », a détaillé le chef humanitaire de l’ONU », ajoute-t-on dans le communiqué.
L’ONU avertit par ailleurs qu’un conflit de longue durée « entraînera presque certainement la perte d’une génération d’enfants, car des millions d’entre eux n’auront pas accès à l’éducation, subiront des traumatismes et porteront les cicatrices physiques et psychologiques de la guerre ».
« Les informations selon lesquelles certains enfants du Soudan sont utilisés dans les combats sont très inquiétantes », a encore alerté M. Griffiths.
Au total, sur les 11 millions de personnes ayant besoin de services de santé humanitaires au Soudan, quelque 272 000 sont des femmes enceintes, dont 30 000 accoucheront au cours du prochain mois, avertissent les Nations unies. Et l’ONU s’attend à ce que 6000 nouveau-nés et 4500 femmes enceintes souffrent de problèmes.