Quel rôle a joué Facebook dans la polarisation entourant l’élection présidentielle aux États-Unis en 2020? Pour répondre à cette question, Meta a proposé à des chercheurs d’analyser ses données.
En 2020, Facebook annonçait le lancement d’un partenariat entre leurs chercheurs et ceux du milieu académique. Le but: comprendre l’impact des médias sociaux sur la démocratie dans le contexte de l’élection présidentielle américaine de 2020. Le projet s’est poursuivi jusqu’en février 2021. Les résultats ont fait l’objet de quatre articles publiés récemment, dont trois dans la revue Science et un dans la revue Nature.
La première étude révèle que Facebook expose bel et bien ses usagers à une bulle de contenu concordant avec leurs propres croyances, qu’elles soient conservatrices ou libérales. La désinformation semble toutefois circuler davantage dans les cercles conservateurs. La deuxième étude ajoute que la majorité des utilisateurs de Facebook voient du contenu partagé par des sources — amis, pages ou groupes — qui partagent leurs opinions.
Cependant, lorsque les chercheurs ont trafiqué le fil de publications de certains utilisateurs pendant une période de 3 mois afin de diversifier les contenus auxquels ils étaient exposés, aucun effet sur le degré de polarisation ou d’extrémisme idéologique n’a été observé.
Dans la troisième étude, les scientifiques ont réduit la présence de contenu viral en s’assurant que le fil des utilisateurs ne contenait aucune publication repartagée. Cela a bien diminué l’exposition aux nouvelles à saveur politique de même que le nombre de clics et de réactions sur des nouvelles partisanes. Cependant, encore là, aucun impact sur la polarisation des utilisateurs. Des résultats similaires ont été obtenus dans la dernière étude où les chercheurs ont proposé un fil de publication chronologique plutôt que l’algorithme traditionnel basé sur les préférences de l’utilisateur.
Une étude réellement indépendante?
Les auteurs de la deuxième étude admettent que leur étude comporte certaines limites. D’une part, les modifications au fil de publication ont été en place pour seulement trois mois. Cela ne permet pas de connaître l’effet de l’exposition à l’algorithme des médias sociaux pendant plusieurs années.
De plus, l’étude a analysé uniquement l’effet d’une diminution des contenus polarisés sur l’idéologie des utilisateurs. Les chercheurs ne peuvent donc pas se prononcer sur l’effet de la situation inverse, c’est-à-dire d’une augmentation de l’exposition à ce genre de contenu.