Comment ne pas imaginer Mick Jagger et les fameuses percussions de l’irremplaçable chanson Sympathy for the Devil, des Rolling Stones, au moment où débute le film du même nom, réalisé par Yuval Adler? Le quasi-huis clos, présenté en première mondiale à Fantasia, le mois dernier, a effectivement ce côté déjanté et sympathique, cet amour du chaos et d’une violence si bien symbolisé par les accords d’une guitare électrique jouant les trouble-fête du classique du rock.
Pourtant… pourtant, on est assez loin du film joueur, alors que ce drame psychologique, suintant le sang et la violence aux jointures, met en vedette deux hommes: le premier, interprété par un Joel Kinnaman effacé, est en route pour l’hôpital, où sa femme doit accoucher de leur deuxième enfant.
Le second homme, qui s’engouffre soudainement dans l’auto du premier, lorsque celui-ci arrive dans le stationnement de l’hôpital, dans la région de Las Vegas, pousse tout de suite le spectateur à établir un lien potentiel avec le diable mentionné dans le titre du long-métrage… Après tout, devant un Nicolas Cage déjanté, vêtu d’un veston couvert de paillettes rouge sang et brandissant un pistolet, ne penserait-on pas que l’on a affaire à un fou, ou pire, à une manifestation du Malin?
Entre les deux s’engage une guerre des nerfs, pendant que Cage force Kinnaman à reprendre la route et à s’éloigner peu à peu des lumières de la ville du péché. Dans quel but? Pourquoi maintenant? Tout sera révélé en temps et lieu, mais pas avant que la tension grimpe lentement, doucement, inexorablement, jusqu’à atteindre son paroxysme environ aux deux tiers de son parcours.
On ne plongera pas dans Sympathy for the Devil en espérant trouver une grande fresque humaine. En ce sens, on pourrait même penser à un film comme Duel, où l’idée consiste justement à bâtir cette tension jusqu’à ce que celle-ci devienne carrément insoutenable et que la véritable identité de nos protagonistes soit finalement dévoilée.
Film d’ambiance, film de composition, Sympathy for the Devil est l’occasion jouissive de voir Nicolas Cage brasser la cage comme seul lui peut le faire. Comment dire non, alors que l’on nous offre cette opportunité en or? Un film potentiellement à visionner un verre à la main. Car le diable est cool, après tout. Avant de nous mener aux portes de l’enfer…