Jusqu’où iriez-vous pour viser non seulement la rédemption, mais aussi espérer clore un long chapitre douloureux de votre vie familiale? Dans The Bear, dont la première saison a été présentée l’an dernier sur le service Hulu, Christopher Storer propose un drame en huit actes avec ses petites victoires, ses grandes défaites et ses moments d’abnégation.
Pour Carmy (Jeremy Allen White), hériter du restaurant The Beef, un boui-boui iconique de la ville de Chicago, à la suite de la mort de son frère, tient surtout de la malédiction. Après avoir dirigé le meilleur restaurant au monde, voilà le jeune homme, brûlé par varlopé par le rythme et la pression infernaux de cette industrie, forcé de tenter d’éviter la faillite de cette institution, sans compter les pertes d’emplois qui s’ensuivraient.
Le problème, c’est que le restaurant était géré au petit bonheur la semaine, avec des magouilles et autres ententes louches pour en assurer la survie, sans penser à la suite. Carmy devra donc gérer ses propres traumatismes, mais aussi parvenir à éviter l’implosion de son entreprise, entre employés mécontents et réfractaires aux changements, et malchances qui se multiplient.
Basé sur un véritable restaurant de sandwiches de Chicago, The Beef fera saliver les amateurs de bonne bouffe. M. Storer sait clairement comment attiser l’intérêt de son public, et va multiplier les plans de préparation de nourriture, y compris la cuisson de superbes pièces de viande qui donnent l’eau à la bouche. Mais The Bear, c’est aussi une ambiance de travail excessivement toxique – dans le cadre de flashbacks, tout comme dans The Beef comme tel – qui ferait suivre toute personne normalement constituée.
Mais pour Carmy, sauver ce restaurant est non seulement une façon posthume de réparer sa relation avec son frère, mais aussi de prouver au monde entier (et à lui-même) qu’il vaut encore quelque chose dans une cuisine.
Et donc, sur huit épisodes, on alterne entre petites joies et tout aussi petites peines, alors que les choses semblent se déglinguer peu à peu, malgré toute la bonne volonté de Carmy et d’une jeune employée qui a des rêves de grandeur (Ayo Edebiri).
Est-ce que The Bear est une bonne série? Tout dépend de la façon dont vous définissez le terme. Réaliste? Oui. Terriblement humaine? Absolument. Parfois fâchante, voire agressante, en raison des nombreux conflits et de la toxicité? Tout à fait. Mais on déplorera que la fin, si elle permet d’ouvrir la voie vers une deuxième saison, tient justement un peu trop du conte de fées pour son propre bien.