La professeure spécialisée en médias Amanda Lotz, ainsi que la Dre Marion McCutcheon, toutes deux de la Queensland University of Technology, ont interrogé plus de 2000 adultes australiens, dans le contexte d’un examen en quatre partie des attitudes et comportements des habitants de ce pays face aux séries télé scriptées et aux films. Et selon les conclusions de cette nouvelle tranche de l’étude, les films attirent davantage l’attention du public dans la salle que les séries télévisées.
Cette nouvelle section de l’étude se penche plus spécifiquement sur les comportements émergents, ainsi que les gens avec qui nous préférons consommer ces contenus vidéo.
« Nous ne sommes plus limités par les horaires de diffusion, ce qui veut dire qu’une « heure de grande écoute » est tout simplement ce que nous écoutons, même si une petite proportion d’Australiens (13 %) disent ne pas utiliser les médias sociaux ou les services de diffusion en ligne », a fait savoir la Pre Lotz.
« Même avec toutes les nouvelles façons employées pour consommer des produits de divertissement, il existe aussi bien peu de bonnes données à propos des pratiques répandues, comme la proportion de visionnement volontaire, par rapport au fait de laisser jouer quelque chose en arrière-plan. Notre plus récent rapport vient combler ce manque, particulièrement en ce qui concerne l’importance des histoires présentées à l’écran, en tant que façon de passer du temps ensemble, et sur la façon dont nous choisissons ce que nous voulons regarder, ce qui n’est pas toujours déterminé par le contenu. »
Toujours selon la professeure, les chercheurs « ont constaté que les cinéphiles portaient davantage attention aux films que ne le font les télévores face à une série diffusée au petit écran, la moitié des séries scriptées ayant droit à toute notre attention, contre 63 % des films ».
Malgré tout, lit-on dans l’étude, ces deux types de contenus demeurent particulièrement populaires dans tous les groupes d’âge, et représentent plus de la moitié du temps de visionnement des participants.
« Le quart des personnes interrogées n’utilisent jamais d’autre appareil lorsqu’elles regardent quelque chose sur un écran, tandis que 28 % des répondants ne regardent jamais de vidéos sur des médias sociaux comme YouTube, TikTok, Twitch, etc,, et que 13 % ne regardent pas la téléréalité, les sports ou les nouvelles », ajoute encore la Pre Lotz.
Les tendances varient toutefois selon les groupes d’âge: chez les 45 ans et moins, on regarde deux fois moins de téléréalité que les plus âgés, mais aussi moitié moins de sports et de nouvelles, et on passe aussi trois fois plus de temps à consommer des vidéos diffusées sur des médias sociaux.
« Et les spectateurs plus âgés sont aussi davantage portés à accorder plus d’attention aux contenus que les plus jeunes, qui ont eux, plus souvent tendance à laisser une émission jouer en fond sonore », mentionne la Pre Lotz.
Un autre écran? Pas si souvent
De son côté, la Dre McCutcheon juge que le « deuxième écran », c’est-à-dire le téléphone, la tablette ou l’ordinateur portatif ouvert alors que l’on se trouve dans une pièce contenant un écran « principal », était potentiellement responsable de la plupart des distractions qui pourraient faire partie de l’expérience contemporaine de visionnement.
« À la fin des années 2000, bien des gens dans l’industrie croyaient que les gens utiliseraient leur téléphone cellulaire de façon liée au visionnement sur écran plus large, soit ce qu’ils appelaient le deuxième écran », rappelle la chercheuse.
« Ces suppositions ont la vie dure encore aujourd’hui, alors nous avons demandé à quelle fréquence les participants utilisent un téléphone ou un autre appareil du genre en lien avec ce qu’ils regardent. Il semble que ce « deuxième écran » n’est pas un aspect majeur de l’expérience de visionnement en Australie, alors que le quart des répondants ont dit qu’ils n’utilisent jamais un autre appareil lorsqu’ils regardent un film ou une série. C’est particulièrement le cas pour les personnes plus âgées », ajoute la spécialiste.
Chose encore plus surprenante, dans 13 % des cas, des gens peuvent se trouver dans la même pièce, mais regarder « la plupart du temps », ou « souvent », des contenus différents sur plusieurs appareils.
Près du tiers (29 %) des gens agissent « parfois » de la sorte.
Et enfin, le visionnement de films est considéré comme l’acte le plus social, avec 43 % des gens indiquant qu’ils s’installent « toujours » ou « principalement » pour un long-métrage en compagnie d’autres personnes.