L’abrogation, par la Russie, et la multiplication des frappes du Kremlin contre les installations portuaires ukrainiennes, y compris des entrepôts servant à stocker des céréales et d’autres denrées qui attendaient d’être expédiées via la mer Noire, pourraient avoir des conséquences particulièrement importantes sur la sécurité alimentaire mondiale, affirme la cheffe des affaires politiques des Nations unies.
Rosemary DiCarlo, qui se présentait vendredi devant le Conseil de sécurité, dont la Russie est un membre permanent, a ainsi « fermement condamné » les frappes russes de la semaine dernière sur les ports d’Odessa, Chornomorsk et Mykolaïv, qui ont détruit des infrastructures essentielles et tué ou blessé des civils.
« La fin par la Russie de sa participation à l’Initiative de la mer Noire, associée à son bombardement de ports cruciaux, aggravera encore la crise », a-t-elle averti.
Lorsque la guerre a éclaté, en février 2022, la question de l’exportation des céréales ukrainiennes s’est rapidement posée, le pays étant l’un des principaux producteurs de ces aliments de base. Dans la foulée de l’invasion, les prix du blé, entre autres céréales touchées, ont grimpé en flèche, avec des impacts économiques, alimentaires et sociétaux importants dans des pays souffrant déjà de divers problèmes, notamment le Liban, le Yémen, ou encore d’autres pays de la région, où la production alimentaire est déjà mise à mal par les conditions environnementales et l’instabilité politique.
Mme DiCarlo a déclaré que « les prix des denrées alimentaires ont augmenté dans le monde entier depuis l’effondrement de l’accord, aggravant ainsi les crises agricole, énergétique et financière qui affectent déjà les personnes les plus vulnérables du monde », selon des propos rapportés par les Nations unies.
La cheffe des affaires politiques de l’ONU presse ainsi Moscou de « cesser immédiatement » ces attaques contre les installations civiles et portuaires, avant d’affirmer que les pays en développement pourraient souffrir indûment de ces frappes ordonnées par le Kremlin.
« Tout risque de débordement d’un conflit à la suite d’un incident militaire en mer Noire – qu’il soit intentionnel ou accidentel – doit être évité à tout prix, car cela pourrait avoir des conséquences potentiellement catastrophiques pour nous tous », a-t-elle dit au cours de son passage devant le Conseil de sécurité.
Au dire de Mme DiCarlo, l’ONU continue de faire pression pour assurer le transport sécuritaire des céréales à l’extérieur de la mer Noire, où autant l’Ukraine que la Russie ont maintenant annoncé qu’ils pourraient couler des navires marchands.
Ce message a aussi été repris, affirme-t-on, par le chef des activités humanitaires de l’ONU, Martin Griffiths, qui a rappelé que « 362 millions de personnes, dans 69 pays, dépendent de l’aide pour survivre ».
« Les agriculteurs, comme nous pouvons l’imaginer, regardent cet assaut nocturne avec une grande anxiété alors qu’ils récoltent maintenant ce qui a été cultivé à l’ombre de la guerre », a ajouté M. Griffiths, lui aussi devant le Conseil de sécurité.
De fait, les prix mondiaux des céréales sont repartis à la hausse, la semaine dernière, alors que la valeur du blé a augmenté de près de 9 %, tandis que les coûts du maïs progressaient de 8 %. Une hausse qui sera largement absorbée par les populations des pays en développement, a précisé M. Griffiths.