Voilà bien une curiosité qui n’attirera peut-être pas les foules, mais qui plaira sans doute aux afficionados de camellia sinensis : Le classique du thé, écrit il y a plus de 1200 ans par celui qu’on appelle encore le Dieu du thé, Lu Yu. De modeste orphelin, ce rigoureux chercheur est devenu la référence ultime en tout ce qui concerne le thé et ses usages.
L’ouvrage, traduit, présenté et commenté par Catherine Despeux, est publié aux éditions Les belles lettres, dans la collection La bibliothèque chinoise.
La deuxième de couverture nous apprend que le texte et les traductions sont accompagnés d’une longue introduction et d’un appareil critique développé. Et pour cause. En plus d’être enrichie d’une multitude de notes de bas de page, le texte de Lu est reproduit en idéogrammes chinois et précédé d’une introduction qui s’avère plus longue que le texte lui-même. Chronologies, cartes et illustrations viennent appuyer l’introduction qui nous offre une excellente et nécessaire mise en contexte. En effet, peu de gens sont aux faits de la géographie, de la culture ou du système politique qui prévalaient en Chine durant la deuxième moitié du VIII siècle de notre ère.
Le texte de Lu, en lui-même, est fascinant. Le souci du détail dont fait preuve l’auteur est impressionnant et parfois surprenant tant il est anecdotique. Après avoir précisé quelles sont toutes les étapes de l’ébullition de l’eau qui doit servir à la préparation de la divine mixture, on nous recommande ceci : « Si l’on doit grimper le long d’une falaise avec une liane et se hisser dans une grotte avec une corde, c’est au pied de la montagne qu’on torréfie d’abord le thé et qu’on le réduit en poudre ». Merci du sage conseil.
Au-delà des lieux de culture du thé, des multiples variétés de théiers et des différents ustensiles nécessaires à la préparation et à la conservation du thé, l’auteur fait une large place aux récits de ses prédécesseurs qui ont quelque chose à dire à propos du thé et des ses aventures, si on peut dire.
En constatant toute la rigueur avec laquelle cet ouvrage a été préparé, on ne se surprend pas de terminer sa lecture par une floppée d’annexes. Qu’il s’agisse du glossaire des noms de personnes, de l’index des noms de lieux, de monastères, de montagnes ou des noms chinois de plantes, tout y est.
Au final, nous nous retrouvons devant un ouvrage extrêmement précis qui donne envie de découvrir d’autres titres de La bibliothèque chinoise.